Monsieur Schellenberger, nous ne sommes en rien opposés au respect total du vote des électeurs au premier tour. Il n'y a aucune arrière-pensée politique derrière tout ça ! Je suis d'ailleurs en désaccord avec M. Lagarde sur ce point précis : les électeurs sont venus voter dimanche dernier, et si le second tour peut se tenir à la fin du mois de juin, le résultat de ce vote doit absolument être pris en compte, sanctuarisé.
Notre débat, ce soir, n'est pas partisan. On a vu en commission que des formations politiques opposées défendaient, pour une fois, des points de vue similaires : Mme Batho estimait qu'il ne fallait pas déposer les listes au 31 mars, comme la France insoumise ou le Rassemblement national. Ce n'est pas un débat partisan.
J'ai, pour ma part, la conviction profonde que nous commettrions une profonde erreur vis-à-vis de nos concitoyens si nous prenions la décision de laisser des accords de listes se faire maintenant. Je vous demande de nous imaginer une seconde annoncer, la semaine prochaine, dans telle ou telle ville, des accords entre des formations politiques. Cela n'aurait aucun sens, et nos concitoyens nous prendraient pour des fous ! Nous venons de consacrer de nombreuses heures à l'essentiel : la guerre sanitaire que nous vivons. Ne dépensons pas notre énergie à des tractations politiciennes.
Ensuite, la campagne doit être gelée, purement et simplement. Monsieur Schellenberger, vous disiez qu'elle pourrait continuer de façon numérique ou par voie de presse : non ! Elle est interrompue, et doit le rester jusqu'à ce que nous sachions si le second tour peut, ou pas, se tenir avant la fin du mois de juin. Il y a une véritable incertitude sur ce point : personne ne souhaite qu'il ne puisse pas se tenir, mais personne ne peut être sûr qu'il pourra avoir lieu. Obliger les candidats à déposer des listes pour un second tour incertain, voilà qui serait baroque. Il me semble donc raisonnable d'attendre le 10 mai et le rapport des autorités sanitaires, sur la base duquel nous saurons si nous pouvons organiser ce second tour.
Enfin, je voudrais avancer un argument sanitaire. Oui, certaines têtes de listes seront empêchées de mener des discussions : certaines sont aujourd'hui atteintes du coronavirus, certaines sont hospitalisées, et on peut craindre d'autres destins plus tragiques. D'autres encore seront engagées dans la réserve sanitaire. Allons-nous alors leur demander de mener, dans les jours qui viennent, des discussions politiques ? Non. Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas sérieux.