Monsieur Straumann, je vous prie de bien vouloir transmettre à l'ensemble des habitants de votre département, fortement mis à contribution, toute mon amitié, mes encouragements et mes remerciements parce que des solidarités incroyables s'y sont développées. Je vous remercie d'avoir souligné que l'État avait mis en place des moyens exceptionnels et inédits et je remercie aussi l'ensemble des territoires qui ont accepté de prendre en charge des malades graves, de réanimation, dans des hôpitaux parfois très éloignés de Strasbourg – je pense à Toulon aujourd'hui et, demain, à Angers et à Reims où le TGV sanitaire fera des arrêts pour, à chaque fois, qu'y soient hospitalisés des patients par dix. Je remercie enfin les pays qui nous entourent, le Luxembourg, la Suisse et l'Allemagne, qui ont accepté de prendre un certain nombre de de malades.
Votre question porte surtout sur l'hydroxychloroquine. J'ai reçu hier les recommandations du Haut Conseil de santé publique qui, se fondant sur la saisine de sept sociétés savantes faisant autorité, nous dit que nous n'avons pas, à ce stade, les preuves de l'efficacité de l'hydroxychloroquine – ou, d'ailleurs, d'autres traitements. Il est donc dangereux, en l'absence de preuves, de donner ces médicaments comme s'ils bénéficiaient d'une autorisation de mise sur le marché.
En revanche, le Haut Conseil de la santé publique a considéré que si des médecins décidaient collégialement, en leur âme et conscience, qu'ils pouvaient, en l'absence de traitement, administrer ce type de traitement à des malades dans un état grave, souffrant de complications pulmonaires sévères, il fallait les y autoriser. C'est ce que j'ai fait.
Je ne m'arrête pas là puisque j'encourage des études cliniques sur des patients en phase symptomatique ou présymptomatique plus précoce, dans différents territoires. Je m'entretenais ce matin encore à ce sujet avec des équipes de chercheurs. Nous ne voulons pas passer à côté de l'occasion d'identifier un traitement qui marcherait.
Monsieur Straumann, les cardiologues m'alertent également sur le fait que l'hydroxychloroquine peut entraîner des troubles cardiaques. Aux États-Unis, aujourd'hui, une personne qui en avait utilisé en automédication a été victime d'un arrêt cardiaque qui lui a été fatal.
Encore une fois, oui à l'innovation, oui à la recherche effrénée, sans limites, et par tous les moyens possibles, de traitement et de vaccin mais dans le respect des données de la science et dans celui de la sécurité et de la santé des patients. Les Français ont droit à la sécurité sanitaire comme cela a toujours été le cas, en tout temps et pour toute épidémie.
Aujourd'hui, donc, l'usage de la chloroquine en milieu hospitalier est réservé à des situations particulières ; demain, si des données cliniques nous permettent d'espérer aller au-delà, nous n'attendrons pas. Mais nous devons attendre ces informations cliniques sans lesquelles une autorisation de ma part, en tant que ministre de la santé, serait irresponsable.