Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 14 avril 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre l'épidémie de covid-19 et stratégie en matière de dépistage

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Monsieur le Premier ministre, fixer une date, cela revient à conjurer une damnation de fin du monde ou la damnation d'un monde sans fin. On voit bien, dès lors, toute la force d'une telle annonce, mais on voit bien aussi que, même formulée avec prudence comme l'a fait le Président de la République, elle soulève autant de questions qu'elle apporte de réponses.

Une des questions majeures qui se pose aujourd'hui est celle de notre responsabilité : la date du 11 mai est-elle trop précoce ? Pour certains acteurs, notamment du monde économique, elle apparaît trop tardive au vu de son coût économique important ; pour d'autres, préoccupés de la dignité humaine et de santé – préoccupations que nous partageons sur tous les bancs – , elle pourrait s'avérer trop précoce.

Paul Ricoeur disait qu'être responsable, c'est être responsable de ce qui est fragile, de ceux qui sont fragiles, et le groupe Socialistes et apparentés a été l'un des plus en pointe au sujet de ces enfants pour qui la vie s'est refermée et de ces aînés qui sont confrontés, dans la solitude, à la fin dernière.

Notre groupe est également soucieux de ce qui est fragile dans le rapport de la parole publique à la vérité. Pour lever toute ambiguïté, monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous dire si la doctrine d'un déconfinement à partir du 11 mai a été adoptée malgré l'absence de tests, parce que l'on est persuadé que les personnes asymptomatiques n'ont pas besoin d'être testées ? C'est une question extrêmement importante. On a longtemps dit qu'il était possible d'être à la fois asymptomatique et vecteur de la maladie. Dès lors, n'y a-t-il pas une contradiction fondamentale à vouloir rassembler, le 11 mai, toute la communauté éducative, non seulement les enseignants, les techniciens et les ATSEM – les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles – , mais aussi des enfants, des adolescents ?

S'agissant des tests, nous n'aimerions pas que se répande encore plus la rumeur selon laquelle les doctrines se forment en fonction des carences et qu'elles s'adaptent au principe de réalité plus qu'à la recherche de la vérité. Pouvez-vous être transparent et clair à ce sujet : notre pays dispose-t-il des moyens de tester l'ensemble de la population française, afin que le 11 mai soit un rendez-vous avec la santé pour tous et qu'il s'agisse d'une santé durable ?

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