Hier soir, le Président de la République a ouvert la voie à une levée du confinement le 11 mai, sans vraiment lever les inquiétudes ni donner les garanties suffisantes concernant les conditions sanitaires et sociales de la sortie de crise.
Ce week-end encore, le président du MEDEF a proposé que les Français travaillent plus dès la fin du confinement. Ces propos indignes ne sont pas, vous en conviendrez, à la hauteur de l'épisode que connaît notre pays et témoignent de l'état d'esprit de certains, prêts à faire payer aux salariés les conséquences économiques de cette crise sans précédent.
La santé de chacun de nos compatriotes doit primer sur toute autre considération. Il n'est pas acceptable que des salariés continuent de se rendre sur leur lieu de travail sans bénéficier des équipements de protection nécessaires. Qu'en sera-t-il dans quatre semaines ? L'État sera-t-il capable de fournir les tests et les masques pour garantir la sécurité sanitaire de tous les salariés ?
Cette crise révèle les inégalités sociales importantes qui se jouent au sein du monde du travail – vous en avez parlé, monsieur le Premier ministre. Les salariés les plus exposés sont souvent les moins bien rémunérés. Beaucoup d'autres subissent une perte importante de pouvoir d'achat en raison d'un chômage partiel indemnisé à 84 % du salaire net et d'une hausse des prix à la consommation.
Si l'annonce, hier soir, par le Président de la République, d'aides ciblées en faveur des familles et étudiants modestes va dans le bon sens, c'est loin d'être suffisant. Le déconfinement doit s'accompagner, pour les plus fragiles, d'actes forts en matière de sécurité sanitaire, de pouvoir d'achat et de solidarité. Il convient sans plus attendre d'augmenter les prestations sociales, de mieux indemniser le chômage partiel et de revaloriser le SMIC de façon importante. Monsieur le Premier ministre, quand allez-vous inscrire ces propositions à l'ordre du jour ?