Nous vivons une crise sanitaire douloureuse par le nombre de pertes humaines, angoissante par ses conséquences sociales et économiques. Mais d'autres drames se déroulent dans un lieu clos, celui où sont confinées des familles, celui, hélas, parfois des violences intrafamiliales. Comment s'enfuir, comment téléphoner quand l'auteur des violences est là en permanence ? Comment dire les coups, comment laisser voir les bleus quand l'école est fermée ? La vigilance et l'action de la nation dans toutes ses composantes sont plus que jamais nécessaires.
Des points d'écoute ont été ouverts dans les centres commerciaux. Les pharmacies peuvent désormais accueillir les femmes victimes de violences afin de leur prêter assistance et prévenir la police. Les femmes et les enfants peuvent trouver de l'aide au 3919 et au 114, y compris par SMS. Ces mesures sont positives mais encore insuffisamment connues. Aussi, je propose que les messages officiels sur le Covid-19, largement diffusés dans les médias, contiennent systématiquement une information sur ces numéros d'urgence. Face aux drames, cela peut aider des voisins, des associations et des élus à témoigner afin que la police et la justice soient en mesure d'agir. Comme cela se fait en Seine-Saint-Denis, des places d'hébergement et surtout des logements peuvent être réservés partout en France afin d'accueillir en sécurité les victimes. Cela demande un accompagnement ; aussi, toutes les associations qui oeuvrent en permanence aux côtés des femmes et des enfants doivent recevoir en urgence de l'État les moyens nécessaires au développement de leur action.
Enfin, je veux parler des enfants placés et suivis par l'aide sociale à l'enfance. Afin que nous puissions continuer à protéger ces enfants, l'État doit permettre aux travailleurs sociaux d'exercer leur métier dans les meilleures conditions sanitaires possible, en fournissant aux départements les moyens d'assurer convenablement l'accueil des enfants pendant le confinement.
Il s'agit là de notre capacité à assurer l'intégrité physique et psychique ainsi que la dignité de nos compatriotes les plus fragiles. Sans l'action publique et l'implication de l'État, rien ne sera comme avant.