Cette question de Jean-Louis Bourlanges s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
Au milieu des épreuves actuelles, nous sommes heureux de constater que, grâce à l'action de la France en particulier, les Européens ont jusqu'à présent fait face à l'urgence. Les États membres ont su sans délai s'affranchir pragmatiquement de contraintes budgétaires que la récession en cours rendait contre-productives. La Banque centrale européenne a pris, quant à elle, toutes ses responsabilités pour permettre à chacun de financer à des taux raisonnables les énormes besoins créés par la situation. Mieux encore, l'Union a pris de l'avance en s'attachant à réfléchir dès maintenant aux exigences du jour d'après. Je vise en particulier la volonté de fonder sur de nouvelles bases l'action du mécanisme européen de stabilité et celle de mettre en place un fonds de reconstruction de nos économies. Je pense aussi à la nécessité de faire franchir au budget de l'Union un double saut : qualitatif et quantitatif. Le groupe MODEM tient à vous dire sa fierté de voir la France se tenir au premier rang de ce grand combat pour un supplément d'Europe.
La relance de l'action européenne n'emportera toutefois l'adhésion qu'à la condition de ne plus être perçue comme un éternel effort de correction des défaillances antérieures. Il lui faut devenir le vecteur d'une véritable innovation collective ambitieuse et solidaire. Ni le mécanisme européen de stabilité d'hier ni les eurobonds traditionnels ne peuvent être des modèles pour l'avenir.
Pour fonder sur des bases solides une stratégie commune de réparation économique et sociale, ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, qu'il est devenu inévitable de clarifier le pacte de subsidiarité et de solidarité qui nous unit ? Dire ce que chacun doit faire seul ou faire avec les autres est devenu un impératif catégorique. En ces temps de tragédie, la France n'a-t-elle pas le devoir, pour parler comme Malraux, d'aider l'Europe à prendre conscience de la grandeur qu'elle ignore en elle ?