S'agissant des 20 milliards d'euros que vous évoquez, une liste a été effectivement établie ; elle concerne des entreprises stratégiques : l'enjeu est de savoir ce qui est stratégique et ce qui l'est moins. L'entreprise Famar est un façonnier, elle n'est donc pas responsable des principes actifs. D'autres produisent plus ou moins ce que fait Famar : il ne s'agit donc pas forcément de l'entreprise la plus immédiatement stratégique. Cela n'empêche pas de rechercher un repreneur.
Le repreneur intéressé par Luxfer envisage un projet en lien avec l'hydrogène plutôt qu'avec l'oxygène médical. Vous savez que ce dernier est essentiellement livré de manière haute, c'est-à-dire que les fameuses bouteilles en aluminium, que vous avez mentionnées, sont destinées au transport ; dans les temps difficiles, on peut recourir à des bouteilles en acier, que nous savons produire. Il existe une entreprise européenne, au sens géographique du terme, puisqu'elle est située au Royaume-Uni, qui en fabrique. D'autre part, disposer d'un fournisseur en France conviendrait à Air Liquide, qui est donc prêt à étudier la question. Néanmoins, il faut que la reprise ait du sens sur le plan industriel. Or il s'agit d'une entreprise fermée depuis un certain temps, dont les salariés ont été assez largement reclassés : la solution n'est pas si évidente.
Vous évoquiez l'Europe : des échanges ont eu lieu, notamment avec l'Allemagne, qui ont révélé une véritable solidarité européenne. Nous avons échangé du matériel et transféré des patients, mais aussi mené ensemble des réflexions au sujet des médicaments, puisque nous avons chacun un bout de la solution – c'est un travail collectif, qui n'est pas sans rappeler l'assemblage d'un puzzle. Je ne tirerai donc pas de conclusions aussi hâtives, d'autant plus que ces échanges se sont déroulés dans un contexte de crise très profonde, alors que chaque pays aurait pu être tenté de se replier sur lui-même, sans s'occuper de la détresse de ses voisins en avance de quelques jours dans le déroulement de la crise.