Concernant Luxfer, il existe à l'hôpital une solution alternative à l'utilisation de bouteilles pour l'oxygène, qui peut être amené directement dans les chambres. S'agit-il d'une industrie stratégique ? Vous me demandez mon avis : si je devais investir dans le secteur de la santé, je ne suis pas certaine que je choisirais cette option-là. Les principes actifs présents dans les médicaments, et dont on cherche à relocaliser la fabrication, constituent un domaine d'investissement plus stratégique que la fabrication de bouteilles en aluminium. On dénombre 200 000 bouteilles d'oxygène en circulation chaque année, 20 000 de plus dans le cadre de cette crise ; elles sont réutilisables pendant dix ans, et nous disposons d'un fournisseur au Royaume-Uni. Tels sont les termes du débat. En outre, dans les temps difficiles, des bouteilles en acier peuvent remplir les mêmes fonctions. Cette fabrication est-elle stratégique ? Non, Luxfer ne figure pas sur la liste. Cela n'empêche pas d'examiner un projet de reprise, mais c'est une autre démarche.
La même question se pose au sujet de Famar : est-il plus stratégique de disposer d'un façonnier, d'un principe actif ou d'une molécule innovante ? Je ne suis pas certaine qu'il s'agisse du façonnier ; nous pourrions en discuter. C'est l'intérêt du rapport sur les pénuries de médicaments et sur les orientations choisies. Or nous avons des façonniers en France, ainsi que d'autres producteurs de chloroquine, comme d'hydroxychloroquine puisque, comme vous le savez, c'est cette dernière qui est considérée comme un traitement éventuel du coronavirus.
Concernant Plaintel, il s'agit d'une usine dont les locaux ont déjà été repris par une autre entreprise ; les machines ont été soit mises de côté, soit reprises. Je sais que l'équipe est très motivée pour élaborer un projet. Néanmoins, nous sommes passés de 15 millions de masques produits par mois à 40 millions en avril. Il faut y ajouter 40 autres millions, en provenance de Kolmi Hopen et Paul Boyé Technologies, qui sont en train de renforcer leur capacité de production, ainsi que de Faurecia, de Plastic Omnium, de Michelin, de BB Distribe ; peut-être d'autres viendront-ils de l'usine Cellulose de Brocéliande, pas très loin de Plaintel, mais pas exactement dans le même département, qui démarrera plutôt la production au mois de juin. Nous poussons Cera Engineering, le constructeur français, à travailler avec Michelin, afin d'augmenter sa capacité de production de machines. Je veux vous rassurer : le projet Plaintel constitue peut-être une bonne idée, et j'en ai discuté avec le président de région, mais d'autres pistes existent.