Nous abordons le débat sur la conditionnalité des participations financières de l'État, notamment dans le cadre de l'augmentation de 20 milliards d'euros du compte d'affectation spéciale – CAS – afférent. Plusieurs amendements vont traiter du sujet, proposant différents degrés de conditionnalité ; aussi, si vous me le permettez, madame la présidente, je vais expliciter ma position de rapporteur général afin de pouvoir, ensuite, m'exprimer plus brièvement sur les amendements concernés.
Je crois, et le ministre de l'économie et des finances l'a dit également, qu'il serait incohérent de ne pas bien mieux considérer les critères environnementaux quand l'État investit les deniers publics, donc ceux du contribuable, dans des entreprises. Il faut, j'y insiste, que les exigences environnementales soient davantage prises en considération.
Que se passe-t-il avec les 20 milliards d'euros qui abondent le CAS « Participations financières de l'État » ? Le Gouvernement, par le truchement de l'Agence des participations de l'État, l'APE, va devoir sauver des entreprises très rapidement et pour cela prendre des décisions sans tarder. Il lui faudra prendre de nouvelles parts par capitaux propres, par quasi fonds propres, parfois, et, dans les cas les plus critiques, reprendre la majorité du capital, donc éventuellement nationaliser un certain nombre d'entreprises.
Les différents amendements relatifs à cette question proposent des degrés d'exigence différents en matière de temporalité et c'est avant tout sur ce point que j'ai forgé ma conviction.
L'amendement de Mme Batho ou celui de M. Orphelin proposent une conditionnalité ex ante. Or, cette conditionnalité ex ante peut mettre en difficulté notre stratégie de sauvetage financier des entreprises qui doit s'appliquer dès à présent, dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines. C'est pourquoi je serais plutôt favorable à une conditionnalité ex post, même si celle-ci peut avoir des défauts et peut paraître moins exigeante.
Dans la situation d'urgence où nous sommes, les amendements prévoyant une responsabilité ex post me paraissent beaucoup plus responsables pour pouvoir conjuguer ces deux objectifs : le sauvetage économique de nos emplois et des fleurons français et le progrès environnemental.
Nous pourrons revenir en détail sur les différences entre ces amendements concernant les critères à remplir : respect de l'accord de Paris, définition d'une stratégie de responsabilité sociale d'entreprise, dite RSE… Dans tous les cas, ce qui a forgé mon opinion est la capacité à allier les deux exigences : sauver nos entreprises, nos emplois, et exercer une surveillance ex post bien plus intense qu'elle n'est aujourd'hui. Bérangère Abba propose précisément d'allier ces deux exigences, dans son amendement no 443 . J'émettrai donc un avis favorable sur son amendement et un avis défavorable aux autres, si toutefois ils ne sont pas retirés.