À cette heure tardive, le groupe Libertés et territoires a décidé de voter pour ce projet de loi de finances rectificative très attendu, alors que notre économie est quasiment à l'agonie. Mais nous le ferons sans enthousiasme aucun – certains membres du groupe ont même pris le parti de s'abstenir – pour trois raisons.
Premièrement, vous n'avez retenu aucun de nos rares amendements, écartant notamment les deux que nous jugions les plus importants et qui portaient l'un sur la liste précise des entreprises bénéficiaires des exonérations de charges, l'autre sur les dons des entreprises aux associations, en particulier celles qui distribuent des denrées alimentaires. Si vous voulez l'unité nationale, il faut travailler autrement, en respectant tout le monde ! Dans cette affaire, nous n'avons pas le sentiment d'avoir été respectés.
Deuxièmement, beaucoup d'entreprises, notamment petites, vont rester sur le carreau ; des efforts significatifs sont consentis, mais il en faudrait davantage.
Enfin, rien, dans ce plan d'urgence, ne donne à penser que nous faisons un pas vers le monde de demain : on n'y voit aucun signal de verdissement de nos stratégies, pour relever le défi d'une crise environnementale certaine. Vous nous dites qu'il s'agit maintenant de boucher les trous et qu'un plan de relance viendra ; mais, je vous le dis les yeux dans les yeux, nous vous attendrons au tournant, car si ces mesures annoncées ne préfigurent pas un monde humain, équilibré et respectueux des biens communs, la nouvelle génération désespérera des responsables politiques que nous sommes.