Cette question, que j'ai l'honneur de poser au nom de mon collègue Philippe Berta, s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. La recherche en santé démontre en ce moment toute son importance : dans la guerre contre le Covid-19, votre ministère et la communauté scientifique sont fortement mobilisés. Grâce à des financements exceptionnels, le mode d'action du virus est désormais mieux connu, les diagnostics s'améliorent et de multiples traitements et vaccins sont en cours d'évaluation, en France, en Europe et ailleurs. Merci au comité d'analyse, de recherche et d'expertise – le CARE – , au consortium REACTing et à l'essai Discovery !
Le temps doit donc être laissé à la science, une science qui repose sur la rigueur, loin de la science spectacle. Il faut faire une place plus importante aux scientifiques : certains d'entre eux ont su braver les barrières administratives pour convertir leurs laboratoires en centres de diagnostic. C'est en réalité de la création d'une « réserve scientifique » qu'il s'agit.
En effet, en dehors de la minorité travaillant dans les centres de recherche sur le Covid-19, des milliers de scientifiques, répartis dans de nombreuses villes françaises, sont capables de concevoir des tests sophistiqués pour participer au combat hors diagnostic en milieu hospitalier. Ils ont les équipements PCR et de séquençage, répertoriés par le plan « France médecine génomique 2025 », les réactifs et les protections, et ils connaissent les mesures barrières, qui font partie de leur quotidien. Philippe Sansonetti, qui fait cette proposition, a été rejoint par des académiciens tels que MM. Rossier, Karsenti, Bockaert et Weissenbach. La vie commune avec le virus qui sera notre lot dans les mois à venir ne nous permet pas, me semble-t-il, de nous priver de ce formidable potentiel.
Le Gouvernement a su mettre en place des financements et une gouvernance scientifique pour affronter la crise sanitaire. Les acteurs de la recherche ont su se mobiliser avec inventivité. Comment pouvons-nous optimiser la jonction entre ces deux volontés pour révéler le plein potentiel de notre réserve scientifique ?