Vous l'avez probablement remarqué, nous avons récemment rouvert les boutiques de tissus et les ateliers de couture, et diffusé des guides pratiques de confection de masques, afin que chacun se mobilise pour en produire. Grâce à cette mobilisation de tous, il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai. Mais l'enjeu, la responsabilité des pouvoirs publics, notre responsabilité collective, c'est d'arriver, dans les prochaines semaines, à organiser cet effort pour éviter que certains n'aient en quelque sorte trop de masques, quand d'autres n'en auraient pas. Progressivement, nous parviendrons à une situation classique où les Français pourront, sans risque de pénurie, se procurer des masques grand public dans tous les commerces. En attendant, il faut que l'État, les collectivités territoriales, les entreprises, l'initiative privée, soient complémentaires et non concurrents. Le Président de la République l'a dit : nous nous appuierons sur les maires et sur les préfets, avec le concours de tous.
J'invite toutes les entreprises, quand leurs moyens le leur permettent, à veiller à équiper leurs salariés. C'est une condition de la reprise : elles le savent, elles le disent. Les régions et l'État mettront en place un appui aux très petites entreprises, les TPE, et aux travailleurs indépendants, au-delà des initiatives déjà prises par un certain nombre de branches ou d'organisations professionnelles. Une plateforme de e-commerce sera ouverte par la Poste à compter du 30 avril et distribuera chaque semaine à ceux qui en ont besoin plusieurs millions de masques grand public.
L'État et les collectivités locales assureront la protection de leurs personnels, en particulier ceux qui sont en contact avec le public. Les préfets disposeront d'une enveloppe locale pour soutenir, avec les départements et les régions, les plus petites collectivités. Les personnels de l'éducation et les élèves des collèges recevront également des masques. Les pharmacies et la grande distribution seront invitées à vendre, dans des conditions que nous définirons avec elles pour éviter les phénomènes de pénurie, des masques jetables ou lavables. Les particuliers sont bien sûr invités à se confectionner eux-mêmes des masques dans les conditions recommandées par l'AFNOR, l'Association française de la normalisation, et l'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Enfin, nous réserverons une enveloppe hebdomadaire de 5 millions de masques lavables pour que les préfets organisent, avec les maires et les présidents de conseil départemental, la distribution à ceux de nos concitoyens qui se trouvent dans la plus grande précarité, par l'intermédiaire des centres communaux d'action sociale — CCAS — et des acteurs associatifs.
Protéger, donc. Tester, ensuite. Là encore, les recommandations scientifiques ont évolué. Après tout, sans doute est-ce normal face à un virus inconnu. Cette crise sanitaire renvoie décidément tout le monde à un devoir d'humilité.
La doctrine initiale consistait, dans ce que nous appelions la phase 1, à tester au maximum. Nous avons d'ailleurs beaucoup testé en phase 1. Lorsqu'un cas est apparu aux Contamines-Montjoie, et qu'il a fallu le circonscrire, nous avons testé massivement ceux qui s'étaient approchés, de près ou de loin, des malades identifiés. Mais la doctrine voulait qu'une fois l'épidémie passée en phase 3, on ne teste plus que les malades hospitalisés pour suspicion de Covid, les soignants symptomatiques et les premiers cas dans les établissements accueillant des publics fragiles. C'est ce que nous avons fait. Les temps ont changé ; la doctrine de l'OMS, l'Organisation mondiale de la santé, aussi.
À la sortie du confinement, nous serons en mesure de massifier nos tests. Nous nous sommes fixés l'objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine à dater du 11 mai.