Intervention de Edouard Philippe

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Edouard Philippe, Premier ministre :

Nous prendrons deux séries de décisions. Il faut d'abord faire remonter au maximum l'offre de transports urbains : 70 % de l'offre de la RATP sera disponible le 11 mai et nous devrons remonter rapidement à l'offre nominale. Ensuite, il convient de faire baisser la demande, en favorisant le télétravail, en étalant les horaires – je l'ai déjà dit – et en demandant aux Français de considérer que les transports aux heures de pointe doivent être réservés à ceux qui travaillent.

Je souhaite que, dans chaque région, dans chaque agglomération, une concertation s'engage très rapidement entre les autorités organisatrices de transports, les usagers et les opérateurs de transport pour arrêter les conditions précises de mise en oeuvre de ces objectifs. L'État y apportera bien sûr son concours. S'il faut organiser les flux, réserver les transports à certaines heures à certaines populations, nous accompagnerons les autorités organisatrices. Nous essaierons d'y arriver ensemble.

Mais il est certain que les trois semaines à venir seront difficiles et que nous devons rester vigilants. Le port du masque sera rendu obligatoire dans tous les transports, métros comme bus. Et les opérateurs devront, au moins pour les trois semaines à venir, s'organiser pour permettre, même dans le métro, de respecter les gestes barrières.

Cela veut dire, par exemple, que la capacité du métro parisien sera réduite par rapport à sa capacité nominale, et extrêmement réduite par rapport à sa fréquentation normale. Il faudra condamner un siège sur deux, favoriser, par des marquages au sol, la bonne répartition sur les quais, et se préparer à limiter les flux en cas d'affluence.

Les bus scolaires pourront circuler, mais avec la même règle du un sur deux, avec obligation de port du masque pour les chauffeurs et pour les écoliers, à partir du collège. Le port du masque sera également obligatoire dans les taxis et les VTC qui ne disposent pas d'un système de protection en plexiglas.

S'agissant des déplacements inter-régionaux ou interdépartementaux, la logique sera inversée : nous voulons réduire ces déplacements aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, pour des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus. Nous allons donc continuer à réduire l'offre, à exiger la réservation obligatoire dans tous les trains, TGV ou non, et à décourager les déplacements entre départements. Le jeudi de l'Ascension sera bien férié, mais je le dis clairement aux Français : ce n'est pas le moment de quitter son département pour partir en week-end.

Enfin, le déconfinement, c'est le retour de la vie sociale. L'impatience de nos concitoyens à retrouver une vie sociale, nous la partageons tous.

J'ai d'abord une pensée pour tous nos aînés, qui, outre le confinement, subissent la solitude à domicile ou l'isolement dans les EHPAD, privés pendant de longues semaines de toute visite de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Vous le savez, nous leur demanderons de continuer à se protéger. Ils devront respecter des règles similaires à la période de confinement, en se protégeant, en limitant leurs contacts, donc leurs sorties ; tout cela suivant les principes de confiance et de responsabilité, comme l'a annoncé le Président de la République. Il n'y aura pas de contrôle, pas d'attestation de sortie, mais je demande aux personnes les plus âgées et les plus fragiles de la patience. Les visites privées, quand elles reprendront, devront être entourées de précaution, comme les sorties. En vous protégeant, vous protégez le système hospitalier et les plus fragiles d'entre nous.

La vie sociale reprendra donc, elle aussi, progressivement. Citons d'abord ce qu'il sera possible de faire : il sera de nouveau possible de circuler librement, sans attestation, sauf, comme je l'ai dit, pour les déplacements à plus de 100 kilomètres du domicile, qui ne seront possibles que pour un motif impérieux, familial ou professionnel.

Il sera possible, les beaux jours aidant, de pratiquer une activité sportive individuelle en plein air, en dépassant évidemment la barrière actuelle du kilomètre et en respectant les règles de distanciation physique. Il ne sera possible, ni de pratiquer du sport dans des lieux couverts, ni de pratiquer des sports collectifs ou de contact.

Les parcs et jardins, si essentiels à l'équilibre de vie en ville, ne pourront ouvrir que dans les départements où le virus ne circule pas de façon active, les fameux « départements verts ». Par mesure de précaution, les plages resteront inaccessibles au public, au moins jusqu'au 1er juin.

S'agissant des activités culturelles, parce qu'ils peuvent fonctionner plus facilement en respectant les règles sanitaires, les médiathèques, les bibliothèques et les petits musées, si importants pour la vie culturelle de nos territoires, pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai.

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