Vous avez décidé, depuis le début de la crise, d'observer avec le Parlement les mêmes principes de vérité et de transparence qu'avec nos concitoyens. En réalité, c'est à eux que nous nous adressons aujourd'hui. Partout dans nos circonscriptions, au cours des dernières heures, dans d'innombrables messages, les Français nous ont prévenus qu'ils seraient très nombreux, en ce moment, à nous regarder et à nous écouter. Leurs espoirs, mêlés d'anxiété, dans l'issue que nous serons capables de leur proposer pour sortir de l'épreuve, nous obligent tous, ceux qui sont assis ici dans cet hémicycle, mais aussi ceux qui ne peuvent être présents pour des raisons sanitaires et que je tiens à saluer.
Nos collègues Éric Bothorel, Camille Galliard-Minier et Cécile Rilhac reviendront en détail sur trois aspects essentiels de la stratégie que vous venez de nous exposer – la logistique sanitaire, l'économie, l'école – et sur les conditions très concrètes de sa mise en oeuvre. Je souhaite, pour ma part, insister sur les enjeux politiques que le groupe La République en marche identifie comme cruciaux pour la réussite du déconfinement.
Le déconfinement, ce n'est pas encore l'après, comme les impatients voudraient le laisser croire, mais c'est la condition pour que cet après puisse advenir le plus vite possible. Et avec lui viendront à la fois la réparation et la refondation de notre pays, dans lesquelles le Président de la République appelait nos concitoyens à se projeter lors de sa dernière allocution.
Le déconfinement est en quelque sorte le laboratoire de l'après. Qu'il réussisse, et tout redevient possible : la France recouvrera le droit de l'espérance. Qu'il échoue en tout ou partie, et nos chances s'éloigneraient d'effacer les stigmates de ce choc d'une violence sans précédent.
En réalité, le déconfinement constitue un double défi : un défi pour les Français et un défi pour notre démocratie.
Pour les Français, c'est le défi de la responsabilité. « Rien n'est solitaire, tout est solidaire », écrivait Victor Hugo. Tel est le paradoxe apparent du confinement et peut-être le seul bénéfice de cette crise : aujourd'hui plus que jamais, alors que des dizaines de millions de Français sont confinés, nous mesurons la valeur inestimable du lien humain et notre besoin de faire société.
Depuis deux mois, les solidarités, grandes ou petites, spectaculaires ou discrètes, organisées ou spontanées, réveillent un capital de générosité, une capacité de résilience, un désir de sens dans notre pays. Ceux-ci ont toujours existé, mais la course effrénée de l'existence et la croyance à un progrès éternel nous privaient trop souvent de les exprimer avec toute leur force. La course brutalement stoppée et le progrès gravement mis en doute, nous voici contraints de revisiter l'essentiel : les conditions de notre survie et les valeurs qui nous unissent.
Les Français ont réussi le confinement ; ils sont résolus à réussir le déconfinement. Ils en acceptent les risques pourvu que ceux-ci soient contrôlés. En sacrifiant partiellement leur liberté, ils ont permis de ralentir drastiquement la vitesse de circulation du virus et d'éviter – mais de si peu ! – la saturation de nos hôpitaux. Au prix, il est vrai, du dévouement et du professionnalisme admirables de nos personnels soignants, auxquels nous rendons ici un hommage unanime.