La dernière faille concerne le redémarrage économique. Dans ce domaine, le plan manque de souffle et de conviction. Nous proposons d'accélérer la reprise économique dans les départements les moins touchés, en y rouvrant dès le 11 mai les commerces, cafés et restaurants, mais aussi les bibliothèques et médiathèques : fin mai ou début juin nous semble une date trop tardive. Dans les autres départements, nous souhaitons des ouvertures progressives, échelonnées entre le 11 mai et le 15 juin. Bien sûr, la reprise devra être très encadrée et soumise à des règles sanitaires strictes – accueil du public en nombre restreint, distanciation sociale.
En outre, ces mesures ayant un coût pour les entreprises, nous devons continuer d'accompagner celles-ci au quotidien, en rendant progressive la fin du chômage partiel, en prolongeant d'au moins un an le prêt garanti par l'État et en continuant de faire bénéficier les petites entreprises du fonds de solidarité. Nous souhaitons d'ailleurs l'annulation pure et simple de l'ensemble des charges, sociales et fiscales – j'y insiste – , pour les cafés, hôtels et restaurants, mais aussi pour les commerces, pendant le confinement et au cours des deux premiers mois suivant le déconfinement.
Depuis le début de la crise, la droite fait preuve de constance, de cohérence et d'esprit de responsabilité. Nous avons voté toutes les mesures d'urgence et formulé de nombreuses propositions, concernant notamment le seuil de perte de chiffre d'affaires permettant d'accéder au fonds de solidarité ou l'autorisation faite aux pharmacies de vendre des masques. Car notre marque de fabrique est d'être une force de proposition.
Parce que nous voulons la réussite de la France, nous avons aussi mis sur la table, dès ce week-end, un plan comportant cinquante propositions précises et crédibles, fruit du travail collectif des 104 députés du groupe. Il se fonde sur deux priorités : mieux protéger les Français et accélérer la reprise économique. Notre stratégie de déconfinement se résume en trois mots : masques, tests, travail. Nous voulons un déconfinement clair, sous protection et territorialisé : clair, parce qu'il nous faut donner des perspectives aux acteurs économiques et de la visibilité à l'ensemble des Français ; sous protection, parce que le monde d'après ne peut ressembler au monde d'avant et que nous ne pouvons nous permettre de prendre le risque d'une nouvelle vague ; territorialisé, enfin, car nous ne croyons nullement à un déconfinement jacobin, bureaucratique et technocratique. Nous devons faire confiance aux acteurs de terrain, aux élus locaux et à tous les Français qui tiennent notre pays debout.
Monsieur le Premier ministre, faites confiance à ces Français qui, des caissières de supermarché aux transporteurs routiers, des agriculteurs aux ouvriers de l'industrie agroalimentaire, des personnels des EHPAD aux aides à domicile, se sont tous retroussé les manches pour faire front et servir les autres. Faites confiance aux forces vives de la nation qui, des bénévoles associatifs aux chefs d'entreprise, des organisations professionnelles aux parlementaires, se mobilisent pour faire redémarrer notre économie. Faites confiance aux élus locaux qui, des maires aux présidents de région, n'ont eu de cesse de trouver des solutions de bon sens, pragmatiques, souvent en palliant les manques et les défaillances de l'État.
Notre plan de déconfinement, clair, sous protection et territorialisé, est un préalable indispensable pour restaurer la confiance des Français et rétablir les conditions d'une sortie de crise. Les Français ont permis le succès du confinement ; ils attendent désormais de vous que vous soyez au rendez-vous du déconfinement. Nous ne voulons pas mourir guéris ! Voilà pourquoi nous devons réussir le déconfinement.
Le déconfinement est un tournant, une étape décisive. Les conséquences sanitaires, économiques et sociales de son échec pourraient se révéler tout aussi dramatiques que la crise sanitaire elle-même. Or, pour le réussir, la stratégie doit être claire, la méthode rigoureuse, le cap bien fixé. Mais, jusqu'à présent, les contre-ordres succèdent aux ordres. Les injonctions contradictoires que nous n'avons cessé de recevoir ces dernières semaines brouillent totalement le message et rendent difficilement applicable la stratégie de déconfinement. Un jour, on nous dit qu'il est aberrant de fermer les frontières ; le lendemain, que la fermeture des frontières est requise. Un jour, on nous annonce que les écoles rouvriront le 11 mai ; le lendemain, que le retour en classe reposera finalement sur le volontariat. Un jour, on déclare que le déconfinement sera régional ; le lendemain, que cette option est écartée. Un jour, on nous prévient que les personnes âgées resteront confinées après le 11 mai ; le lendemain, nous apprenons que cette option – et c'est heureux – est elle aussi écartée. Un jour, les restaurants doivent rouvrir mi-juin ; le lendemain, il apparaît que ce ne sera en définitive pas le cas.
Monsieur le Premier ministre, gouverner, c'est décider. L'audace ne se ramène pas à la prudence ; elle exige aussi de faire preuve de courage. Outre la capacité de décision et le courage, la politique suppose aussi parfois, il faut le reconnaître, la prise de risque. Nous voulons donc le déconfinement ; mais, je le répète, un déconfinement clair et sous protection, car l'absence d'une protection suffisante est l'assurance d'un reconfinement ultérieur pour faire face à une deuxième vague. Sans masques et sans tests en nombre suffisant – or, malgré les propos que vous avez tenus tout à l'heure, nous doutons encore de votre capacité à en mobiliser assez pour l'ensemble des Français – , vous vous retrouverez dans l'impasse d'un déconfinement impossible.
Vu ces incertitudes, ce manque de courage et parfois de clairvoyance, vous comprendrez que les députés du groupe Les Républicains ne puissent vous accorder ni confiance ni blanc-seing. Nous refusons quasi unanimement de voter pour votre plan, …