Intervention de Olivier Faure

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Faure :

De nouvelles interrogations naissent également depuis l'apparition, en Grande-Bretagne, en Espagne et en Italie, d'un syndrome proche de la forme sévère du coronavirus, qui frappe les enfants et nécessite leur hospitalisation en soins intensifs : a-t-elle un lien avec la crise qui nous occupe ?

Voilà ce que les Français attendent de leurs gouvernants comme de chacun de leurs élus : qu'ils évaluent la situation et s'assurent que les meilleures garanties leur soient proposées. On ne joue pas avec la santé des Français à pile ou face – pile, on gagne ; face, l'épidémie repart ! Un déconfinement raté parce que mal préparé ruinerait les efforts consentis pendant deux mois et préparerait une seconde vague dont on peut redouter la violence. Ce que veulent les Français, ce n'est pas l'accélération à tout prix du déconfinement pour permettre une reprise du travail sans sécurité, avec des écoles transformées en garderies sans garanties. Le courage, ce n'est pas la marche forcée, c'est de faire les bons choix au bon moment.

Le déconfinement doit être un moment de résilience pour toutes et tous, et non le retour au travail pour les uns et le cauchemar pour les autres – ceux qui ne retrouvent pas leur travail, qui restent au chômage, sans revenus. Il faut accompagner le déconfinement d'un geste fort de solidarité : c'est cela, la République !

Le Président de la République s'est engagé à ce que personne ne soit abandonné – « quoi qu'il en coûte », a-t-il dit. L'heure est venue de tenir ce bel engagement. Les files d'attente s'allongent aux portes des organisations caritatives. Nous allons faire face à une crise sociale d'une violence inouïe. Le chômage croît déjà brutalement. Les situations de détresse se multiplient. Là aussi, il est nécessaire d'anticiper : demain, il sera trop tard ! Il faut empêcher les expulsions locatives dans le parc social, aider davantage les familles précarisées, les étudiants isolés, en finir avec cette fabrique industrielle à pauvreté qu'est votre réforme de l'assurance chômage. Il faut un plan d'aide alimentaire massif et une mobilisation générale en faveur du soutien individualisé aux jeunes décrocheurs ainsi qu'une aide pour leur permettre de trouver stages et apprentissages, car on ne peut pas abandonner un cinquième de notre jeunesse.

Vous avez déployé des mesures de chômage partiel – très bien ! Ce que nos voisins allemands avaient fait dès 2008, nous le faisons enfin. Nous vous rejoignons pleinement sur ce point. Ne nous satisfaisons cependant pas trop vite : le chômage partiel entraîne aussi des pertes de pouvoir d'achat, parfois terribles, quand la part variable, les primes et les heures supplémentaires ne contribuent plus aux revenus du foyer. Jusqu'à hauteur de deux SMIC et demi, il serait juste de compenser les salaires intégralement. Vous nous répondrez que cela représenterait beaucoup d'argent. Sans doute ; mais moins que celui que nous perdons à accorder des aides publiques à des entreprises qui continuent à verser des dividendes ou qui placent leur argent dans des paradis fiscaux !

Vous vous étiez engagés sur ce dernier point, mais vous n'avez pas tenu votre promesse lors de l'examen du projet de loi de finances rectificative. Tenez-la ! Cessez d'être forts avec les faibles et faibles avec les forts ! Les amendes ne peuvent pas être réservées à ceux qui ne respectent pas le confinement. Il n'y a pas d'argent magique, disait le Président de la République.

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