Intervention de Louis Aliot

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLouis Aliot :

J'aimerais commencer mon intervention en rappelant le rôle que la Constitution confère au Parlement : « Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. » Or que faisons-nous aujourd'hui ? Rien de tout cela ! Nous servons d'alibi au Gouvernement, qui entend diluer sa responsabilité et se défausser sur les oppositions en demandant au Parlement de lui signer un chèque en blanc.

Entendons-nous bien : nous sommes tous engagés pour que l'opération de déconfinement soit un succès. Nous l'avons prouvé en adoptant les deux projets de loi de finances rectificative. Néanmoins, si nous comprenons l'urgence qu'il y a à agir, nous refusons d'être pris en otage. Trop de questions restent en suspens, trop de sujets ne peuvent faire l'objet d'un consensus. L'union sacrée qu'implique la lutte contre la propagation du virus ne doit pas dissimuler le fait que les oppositions ont aussi un rôle à jouer. Du reste, peut-être auriez-vous dû nous entendre, quand nous vous alertions sur la pénurie de masques et de tests ou sur la nécessité d'établir des contrôles aux frontières et d'isoler préventivement les voyageurs en provenance d'Asie, comme l'avait fait Marine Le Pen, ici même, le 11 février – mais à l'époque, vous disiez aux Français que le port du masque était inutile. Le 7 mars encore, le couple Macron incitait nos compatriotes à aller au théâtre ; le week-end précédent, vous autorisiez à Perpignan un meeting réunissant 100 000 catalanistes qui avaient traversé la frontière alors qu'il y avait des cas connus de Covid-19 en Catalogne. Désormais, vous voulez rendre obligatoire le port du masque dans les espaces confinés, à commencer par les transports et les écoles. Quel cruel paradoxe !

S'agissant des masques, nous souhaitons que les premières livraisons soient gratuites pour tous. Comment faire appliquer les gestes barrières et la distanciation sociale dans le cadre scolaire ? L'Italie a repoussé l'ouverture des établissements scolaires à la rentrée de septembre – comme le recommande d'ailleurs notre conseil scientifique. C'était aussi ce que nous préconisions. Aurons-nous suffisamment de masques pour tous les usagers ? Où en sommes-nous en la matière ? Vous avez répondu partiellement à ces questions. Toutefois, nous vous donnons rendez-vous le 11 mai, pour vérifier que les actes sont bien en accord avec les paroles.

La même réflexion est valable concernant les tests. Lors d'une visioconférence avec les membres de l'OMS, Emmanuel Macron a déclaré souhaiter rendre accessible le système de tests dans tous les pays du monde. « Même en France ? », oserai-je lui rétorquer. Donner des leçons, c'est bien, les appliquer à soi-même, c'est mieux. À la date du 25 avril, 463 000 personnes ont été testées en France, contre 2 millions en Allemagne et 1,6 million en Italie. Nous n'arrivons pas à augmenter notre capacité à tester. Pourtant, le succès du déconfinement en dépend. Le 16 mars, l'OMS l'avait clairement dit : « Testez, testez, testez » ; il faut le faire massivement. Nous demandons donc solennellement que toutes les personnes travaillant ou vivant en milieu confiné soient testées : dans les entreprises, les EHPAD, les hôpitaux, les écoles, les prisons, les sociétés de transport, bref partout où cela est nécessaire.

Confinement ; déconfinement ; huis clos ; stop and go ; reconfinement ; masque « inutile », puis « obligatoire » ; écoles ouvertes, puis fermées ; restaurants fermés jusqu'en juillet, puis jusqu'en juin ; ordres et contre-ordres : il est bien difficile d'y voir clair dans votre stratégie ! Initialement, nous devions aujourd'hui discuter uniquement de l'application de traçage des malades appelée StopCovid ; si j'ai bien compris, nous en parlerons, mais nous ne savons rien des implications concrètes de cette application, ni même de son utilité réelle. Je pense qu'il faut écarter cette mauvaise idée, car le flou est total et les dangers bien réels. Depuis le déclenchement de cette épidémie, dont vous avez sous-évalué la gravité, vous n'agissez pas, vous réagissez, dans un désordre tout macronien. Nous ne pouvons pas rester éternellement confinés, mais la confiance doit être forte si l'on veut que le pays reparte.

Sur le plan économique, il convient de provoquer un choc de défiscalisation en faveur des commerçants, artisans et professions libérales, en aidant les collectivités territoriales à les exonérer des taxes locales, en compensant le manque à gagner par la dotation globale de fonctionnement – DGF – partout où c'est possible.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.