Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du mardi 28 avril 2020 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative à la stratégie nationale du plan de déconfinement dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de covid-19 suivie d'un débat et d'un vote — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

qui laisse les soignants prétendument au front sans munitions, avec des sacs-poubelle en guise de surblouse, qui a livré des masques moisis outre-mer, qui a laissé les entreprises exposer leurs salariés, ce qui a conduit notamment au décès d'Aïcha, caissière à Carrefour, des suites du Covid-19, ou qui laisse une partie de la population dans l'angoisse de ne pas manger à sa faim.

Oui, vous êtes en guerre, mais sûrement pas contre le coronavirus. Si nous étions en guerre, vous auriez nationalisé Luxfer, seul producteur européen de bouteilles d'oxygène médical, aujourd'hui fermé par la voracité des actionnaires, ou Famar, qui fabrique douze médicaments d'intérêt thérapeutique majeur. Vous auriez réquisitionné les entreprises pour produire les tests et les masques dont tout le monde sait maintenant que, non, madame Ndiaye, ils ne sont pas inutiles : ils nous font juste défaut.

Si tel avait été le cas, vous auriez fait comme en 1916, quand le Parlement a voté une taxe contre les profiteurs de guerre. Il s'agissait de faire payer les entreprises qui avaient profité du malheur national. Ils sont nombreux à se gaver aujourd'hui et ils ont des noms : Amazon, avec son PDG Jeff Bezos, qui a empoché 24 milliards d'euros depuis le début de la crise, OGF, entreprise de pompes funèbres, profiteur de mort, qui a empoché 55 euros auprès des familles venues se recueillir sur le corps d'un proche. Il y en a beaucoup d'autres.

Pendant ce temps, les aides-soignantes gagnent en moyenne 1 357 euros nets par mois et les caissières 1 150 euros lorsqu'elles travaillent à temps plein.

Si nous étions en guerre, vous auriez fait comme en août 1914 et suspendu les loyers. Le Parlement estimait alors inacceptable que des familles de combattants puissent être expulsées quand ces derniers risquaient leur vie pour le pays.

Non, la seule guerre que vous menez est contre l'intérêt général. Le code du travail demeure votre adversaire compulsif : vous avez abrogé des jours de réduction de temps de travail et de repos des salariés et vous vous attaquez aux 35 heures et au repos dominical, alors même que le nombre de chômeurs sera tel qu'il faut réduire le temps de travail pour que tous puissent travailler. Vous sanctionnez également l'inspecteur du travail Anthony Smith simplement parce qu'il a fait son travail de défense des droits des travailleurs.

À coup de milliards, vous renflouez les caisses d'entreprises polluantes : 7 milliards d'euros pour Air France, alors que seulement 39 millions d'euros sont consacrés à l'aide alimentaire pour nos concitoyens. Vous refusez de rétablir l'impôt de solidarité sur la fortune, vous refusez de plafonner le prix des masques en tissu, soi-disant pour ne pas freiner l'innovation, alors que l'urgence c'est de freiner l'épidémie. Vous refusez d'interdire le versement de dividendes…

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