J'associe à ma question mon collègue Laurent Garcia.
La presse s'adapte à la transition numérique et transforme ses usages. Jamais la résilience de nos acteurs de la presse n'a été aussi importante. Se sachant investis d'un rôle sociétal primordial dans cette crise sanitaire, la plupart des titres, notamment d'information politique et générale, continuent de paraître en format papier, souvent à perte.
Mais les recettes du numérique ne compensent pas, tant s'en faut, la chute des revenus publicitaires, catastrophique ces deux derniers mois, ni celle, tout aussi abyssale, de la diffusion dans les points de vente. Le modèle économique des journaux et magazines repose toujours sur le couple vente d'espaces et vente d'exemplaires, et ce modèle doit être maintenu. La presse papier doit donc continuer à être distribuée.
Le 20 avril, Presstalis, la principale des deux coopératives assurant ce service, s'est déclarée en cessation de paiement. La messagerie est confrontée à un déclin structurel de son activité, exacerbé par la crise actuelle, laquelle aggrave des fragilités et des difficultés chroniques insuffisamment traitées depuis vingt ans. Le plan de restructuration, avec le soutien massif de l'État dont la société a bénéficié il y a moins de deux ans n'a, pas plus que les précédents, porté ses fruits.
Le nécessaire redressement judiciaire de Presstalis fait courir un risque de déstabilisation à l'ensemble d'un secteur déjà bien fragilisé, du publicitaire à l'imprimeur, et à nos marchands de journaux, toujours dans l'attente d'un versement au titre de 2019. Nous devons préserver la richesse et la spécificité françaises que sont la diversité des titres et le foisonnement des petits éditeurs. Ils font partie de notre patrimoine culturel et territorial aujourd'hui mis à mal.
Monsieur le ministre de la culture, comment, à l'époque des fake news, mieux soutenir la presse écrite, vitale pour son rôle d'information, d'éducation et de lien social auprès des citoyens lecteurs ? Que pensez-vous d'un crédit d'impôt pour les annonceurs ? Comment l'État peut-il garantir la pérennité de la distribution de la presse ? Comment protéger l'ensemble des acteurs de cette filière, qui a pour vocation de transmettre les savoirs et qui est essentielle à notre quotidien et à notre démocratie ?