« Un bicot comme ça, ça nage pas ! » ; « Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied ! » Ces insultes racistes ont été prononcées par des policiers, à l'Île-Saint-Denis, à propos d'un homme qui les avait fuis en se jetant dans la Seine. Dans ce contexte gravissime, il est de mon devoir d'interroger à nouveau le ministre de l'intérieur au sujet des violences policières, lesquelles sont dénoncées depuis des années par les habitants et les associations des quartiers populaires.
Je veux le dire dans cette assemblée : il y a un problème dans la police nationale, un problème persistant de violences disproportionnées, de racisme et d'impunité. Cette fois, le ministre de l'intérieur a réagi vite, mais il a trop botté en touche face au problème, expliquant par-ci les violences en blâmant leurs victimes, les réduisant par-là à des cas particuliers quand elles étaient trop indéniables.
Moi aussi, j'aimerais me dire qu'elles sont le fait d'individus isolés, déviants. Ce serait plus simple, mais c'est faux. Les rires de contentement, glaçants, que l'on entend dans cette vidéo et le silence qui les entoure, à commencer par celui du commissaire présent, en montrent l'affreuse banalité, de même que la liste interminable des violences recensées depuis le début du confinement : Sofiane, Ramatoulaye, Mohamed et tant d'autres ont subi des violences graves, verbales et, souvent, physiques. C'est le résultat d'une politique et d'une violence trop longtemps tolérée, voire couverte, au sein de cette institution.
Car les bicots qui ne savent pas nager, les jeunes des quartiers trop indisciplinés, les noires trop agressives, les fous trop dangereux ou trop gros, après les manifestants trop contestataires, ce ne sont pas des excuses ; ce sont des stéréotypes et des prétextes discriminants.
Pourtant, il y aurait tant à faire pour redonner sens à la police républicaine, la réinventer. Ce serait un message encourageant adressé aux très nombreux policiers qui y tiennent. Manifester la plus haute exigence envers la police, c'est aussi lui témoigner qu'elle est de la plus haute importance. Il faut commencer par reconnaître la réalité et l'ampleur de ces violences ; ne plus se servir de la police pour imposer un système social injuste ; se mettre enfin à former et à recruter autrement ; revenir à une vraie police de proximité.
Ma question est donc simple : dites-vous, comme moi, qu'il y a un problème grave ? Si oui, comment allez-vous y mettre fin ?