La crise libyenne, madame la députée, a changé de nature ; les ingérences étrangères, l'afflux de mercenaires et les violations de l'embargo participent à dégrader considérablement la situation. En ce moment même, les combats s'intensifient partout, en particulier en Tripolitaine, et les populations civiles en sont les premières victimes.
À cette situation s'ajoute un enlisement du processus politique élaboré à Berlin en janvier dernier, par l'ensemble des acteurs, y compris les chefs d'État et de gouvernement. Les présidents Poutine, Macron et Sissi, mais aussi Erdogan, ainsi que le secrétaire d'État Pompeo notamment : tout le monde était là pour trouver un accord. Or le processus politique ainsi défini n'est pas respecté : chacun, au contraire, prend des initiatives qui remettent en cause son démarrage même. Dans ce contexte, nous avons lancé il y a quelques jours, avec nos partenaires européens, un nouvel appel à une trêve humanitaire pendant le ramadan, relayant l'initiative en ce sens des Nations unies. Malheureusement, cette trêve n'est pas respectée alors qu'elle aurait encore plus d'importance en période de Covid-19.
La crise libyenne a des conséquences majeures sur les flux migratoires et sur la situation des migrants et des réfugiés présents en Libye. Nous avons soutenu l'initiative de Malte qui, je l'espère, sera suivie d'effet. Nous appuyons également en permanence l'action du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et de l'Organisation internationale pour les migrations, qui font un travail remarquable auprès des réfugiés en Libye, même s'ils ont dû mettre en suspens les programmes de réinstallation et de retour volontaire, en raison de la crise du Covid-19. Nous complétons leur action en aidant à la réorientation du fonds fiduciaire d'urgence, pour qu'il soit plus facilement accessible aux populations de réfugiés dans le cadre de l'épidémie de Covid-19. La France a décidé de soutenir à hauteur de 700 000 euros l'action libyenne pour résoudre la crise sanitaire, en lien avec l'OMS – Organisation mondiale de la santé. Cependant, la véritable réponse est celle à apporter à la crise politique, permanente dans ce pays depuis de nombreuses années.