Monsieur le ministre de l'éducation nationale, pourquoi avez-vous décidé de remettre les plus petits en premier sur les bancs de l'école, et surtout dans de telles conditions, alors qu'une majorité d'autres pays, vous le savez, ont décidé de reporter la rentrée au mois de septembre ou bien de commencer par les élèves qui peuvent adopter les mesures sanitaires de base ? Même si comparaison n'est pas raison, la singularité de la France a de quoi inquiéter : comment peut-on imaginer que des enfants de maternelle puissent comprendre et respecter le maintien de la distanciation physique et l'application des gestes barrières ? Ces deux fondamentaux que vous mentionnez dans le protocole sanitaire édicté pour la réouverture des établissements sont irréalisables avec des enfants de moins de 10 ans. Vous prenez donc le risque de multiplier de nouveaux clusters, avec des porteurs du virus asymptomatiques.
Monsieur le ministre, n'avez-vous pas plus conscience du malaise des professeurs ? Le personnel de l'éducation nationale a fait un travail magnifique. Le corps enseignant, et je tiens à lui rendre hommage, a répondu présent depuis le début de cette crise sanitaire pour être au plus près des élèves, les accompagner et prendre en charge les enfants dont les parents étaient mobilisés. Ils étaient volontaires pour reprendre les cours dans les établissements, mais au vu de l'impréparation et des annonces changeantes du Gouvernement, on comprend leur angoisse grandissante – angoisse partagée d'ailleurs par les parents d'élèves.
Et puis, à quelques semaines de la fin de l'année scolaire, quels sont les arguments pédagogiques pour cette rentrée précipitée ? Monsieur le ministre, où est donc le bon sens dans votre décision ?