Il sera intéressant de voir fin avril s'il y a une amélioration de la trésorerie des entreprises car, lorsque l'enquête a été publiée, les entreprises ne bénéficiaient pas encore des prêts garantis par l'État.
Pour ce qui est des défaillances, les dernières statistiques que nous avons publiées montrent une baisse de 10 % en février. Les prochaines pourraient faire état d'une nouvelle baisse, car les tribunaux de commerce fonctionnent au ralenti. Les données seront à cet égard peu pertinentes.
Contrairement à la crise de 2008-2009, qui avait révélé aux Européens la nécessité de désintermédier et de développer le financement par les marchés, le choc actuel montre tout l'intérêt de disposer de banques solides : ce sont elles qui ont assuré la continuité de la relation avec les entreprises.
Ce qui est important dans la notation, c'est l'usage qui en est fait, pas le notateur. La notation est l'expression d'une opinion, sujette à erreur ; or des mécanismes automatiques rendent impossible tout investissement en dessous d'une certaine note. Il faut savoir que la BCE a demandé à ses comités, pour le collatéral, de prendre en compte la notation des entreprises telle qu'elle était début mars, avant la crise.
Nous sommes dans une situation où l'inflation est très en-dessous de notre objectif de 2 %, avec des taux d'intérêt qui resteront durablement bas. On constate encore une certaine activité dans les prêts immobiliers : la crise n'a rien de systémique.
Mario Draghi ne parle pas de mener une politique monétaire particulière, mais il invite les États à reprendre la dette ou une partie du capital des entreprises, comme ils étaient venus au secours de leur système bancaire lors de la crise de 2008-2009.
Lorsque l'on parle de monnaie hélicoptère, il faut bien distinguer l'acte qui consiste à financer directement les ménages ou les entreprises, sans passer par le canal des banques, de celui de la création monétaire sans contrepartie. À ce sujet, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a estimé hier, devant le Conseil économique, social et environnemental, qu'il faudrait un risque majeur sur la stabilité des prix pour que les banques centrales puissent être conduites à financer directement les entreprises.