L'idée erronée selon laquelle les établissements pénitentiaires seraient des clusters a pu créer les prémisses d'une psychose et faire craindre aux personnels qu'ils allaient ramener le virus chez eux. Aussi certains arrêts de travail, qui ont d'abord été nombreux (jusqu'à 90 de manière simultanée pour des raisons plus ou moins directement liées à l'épidémie), ont pu relever d'un droit de retrait qui ne disait pas son nom. Il a été exercé par des personnels inquiets, notamment, de l'absence de masques – la distribution, à partir du 28 mars, a fait retomber les craintes. Nous avons communiqué et rappelé que le virus circulait aussi à l'extérieur et que les personnels, au même titre que les personnes incarcérées, pouvaient bénéficier d'une prise en charge immédiate par les services de santé pénitentiaire. Les agents font preuve d'un véritable engagement et sont soutenus dans cette épreuve par le personnel d'encadrement. Je rencontre par ailleurs chaque semaine les organisations syndicales. Perspective encourageante pour tous, près de 60 % des personnes en arrêt de maladie ont repris le travail. Malgré la fatigue qui commence à se faire sentir, le moral des troupes est plutôt bon.
Fresnes n'est pas encore doté de la téléphonie en cellule – cela devrait être développé cette année – si bien qu'il est plus compliqué pour les détenus d'accéder aux onze heures de téléphone gratuites, puisqu'ils sont contraints de passer leurs appels en dehors de leur cellule. Consigne a cependant été donnée pour que l'accès au téléphone, lors des promenades ou sur les coursives, leur soit facilité. Le forfait téléphonique offert a participé à l'apaisement de la situation.
Les cellules ne sont pas encore dotées de douches, j'espère que la rénovation de l'établissement le permettra. Les salles de douche sont désinfectées plusieurs fois par jour, comme tous les lieux de passage. Les auxiliaires n'ont pas fait défection ; ils disposent de matériel de protection pour éviter la contamination et nous avons disposé de matériel désinfectant suffisamment tôt pour déployer ce dispositif.
Le centre national d'évaluation continue de fonctionner ; les entretiens se poursuivent mais il n'y a pas de séance collective. Nous sommes aussi spécialisés dans l'évaluation de la radicalisation, avec le quartier de prise en charge de la radicalisation, mais nous rencontrons des difficultés puisque nos partenaires ne peuvent plus accéder à l'établissement.
Il est difficile de donner une répartition exacte des incarcérations par type de peines. Les personnes détenues pour trafic de stupéfiants et violences sont majoritaires. Depuis le début du confinement, 95 ont bénéficié d'un aménagement de peine et 34 d'une libération sous contrainte.