Je salue l'engagement remarquable de la direction générale de la police nationale (DGPN), qui a tiré les enseignements de crises de toute nature et s'inspire des exemples étrangers. Nous appliquons des plans de continuité d'activité qui garantissent la permanence des missions prioritaires de service public. Nous avons répondu à la crise sanitaire dans des délais très rapides, dès le 25 janvier, lorsque la police aux frontières a dû prendre en charge des passagers en provenance de Chine potentiellement porteurs du virus.
J'ai fixé comme objectifs le maintien de nos capacités opérationnelles, la mobilisation de tous les personnels disponibles, la garantie de la sécurité et de l'ordre public, l'adaptation à l'évolution de la crise. Pour le contrôle du confinement, qui est notre mission prioritaire, nous avons réorganisé les services, employé des moyens, juridiques et techniques, nouveaux, appliqué des dispositifs dissuasifs pour faire respecter les restrictions des déplacements. Nous avons effectué des contrôles sur les axes majeurs de circulation, dans les gares et les aéroports, à l'aide, parfois, de moyens aériens. Entre le 17 mars et le 17 avril, 34,5 % des personnes contrôlées, et 45 % des personnes verbalisées l'ont été par la DGPN. Nous sommes mobilisés sur les frontières aériennes, maritimes et terrestres ; pour faciliter les contrôles, cinquante points de passage terrestres ont été fermés, en concertation avec nos voisins. Depuis le 18 mars, 3 631 refus d'entrée ont été prononcés.
Le confinement a entraîné une forte baisse des indicateurs de la délinquance ; si celle-ci a diminué, les victimes hésitent aussi à se déplacer pour porter plainte. Nous nous efforçons de les prendre en charge au mieux, par exemple grâce à un tchat ouvert sept jours sur sept. S'agissant des violences conjugales, les connexions à la plateforme dédiée et les interventions ont augmenté ; faible dans un premier temps, le nombre de faits enregistrés a retrouvé le niveau d'avril 2019. On relève par ailleurs des escroqueries liées à la crise sanitaire et une nette hausse des attaques cybercriminelles.
J'exprime ma reconnaissance aux membres de la police nationale. J'ai une pensée particulière pour le major Saïd M., emporté par la maladie, ainsi que pour les personnels souffrants. Chacun se sent concerné, malgré des inquiétudes légitimes. La majeure partie des effectifs est mobilisée ou mobilisable. Nous avons adapté les cycles de travail et renforcé les effectifs de la sécurité publique.
Pour protéger leur santé, nous faisons travailler les personnels en alternance et, si possible, en télétravail. Les personnels suspectés d'être contaminés ou d'avoir été en contact avec un malade ont été écartés ; 8 596 agents ont été confinés au plus fort de la crise. La question des moyens de protection individuels a été prise en compte sur la base des instructions du Gouvernement et des préconisations des autorités sanitaires. Par instruction du 13 mars, j'ai demandé que des kits de protection soient disponibles dans chaque véhicule de patrouille et d'intervention et dans les lieux accueillant du public. Les agents se sont vu indiquer une marche à suivre.
Au 16 avril, 1,557 million de masques chirurgicaux ont été distribués, grâce à la politique d'achat volontariste du ministère de l'intérieur et à des dons locaux ; 60 907 litres de gel hydroalcoolique ont été livrés, et 42 337 lunettes, sur 78 800 commandées. Des visières ou des masques en tissu sont aussi fournis. Des écrans en plexiglas ont été installés dans les services recevant du public. Une commande de 10,4 millions de gants a été passée. Le soutien psychologique et l'accompagnement des personnels ont été renforcés.
J'ai des échanges directs et partage les informations avec les syndicats. Les conditions de port du masque sont le sujet d'un désaccord persistant.
Nous devons préparer et accompagner la sortie du confinement.