Mes premiers mots seront pour nos concitoyens, ceux qui souffrent, qui luttent pour leur vie, qui soignent : qu'ils sachent que nous sommes à leurs côtés. La crise que nous vivons est planétaire. C'est l'humanité tout entière qui est touchée. Cette épidémie pose à l'Union européenne la grande question de sa vocation. Nous sommes inquiets des premières réponses et des manquements qu'elle révèle. L'Italie, comme l'Espagne, ont été laissées très seules, en première ligne. On a, comme d'habitude, l'impression que le « chacun pour soi » l'emporte dans nombre d'États. Jacques Delors l'a rappelé : le manque de solidarité peut être mortel pour l'Europe.
Trois questions se posent. La première est celle de l'indépendance de notre Union. Face aux risques de pénurie de médicaments, de matériels de protection sanitaire et dans tous les domaines stratégiques vitaux, nous avons le devoir de garantir à notre ensemble politique les moyens de son indépendance et de sa souveraineté. Deuxièmement, pour affronter la crise sanitaire, empêcher l'effondrement de nos économies et de notre modèle social, de nouvelles dépenses publiques seront indispensables. Il n'y aura pas d'autre issue que de le faire ensemble. Troisièmement, enfin, notre solidarité et notre responsabilité doivent s'étendre à nos voisins, à nos proches – je pense en particulier au continent africain, que nous savons si menacé. Pouvez-vous nous dire, monsieur le Premier ministre, comment, sur ces trois sujets facteurs d'inquiétude, la France peut entraîner l'Europe afin qu'elle soit à la hauteur de ce qu'exige ce moment clé de l'histoire du monde ?