L'observation des faits dans le présent, dans l'histoire, dans le monde et en France, nous fait penser que les plus grandes difficultés se trouvent devant nous, sur le plan sanitaire, économique et social. Nous croyons à l'intelligence collective, à la coordination la plus ferme possible des moyens à mettre en oeuvre – ce que nous appelons « planification ».
Il est important que vous ayez abordé la question du déconfinement, sur laquelle nous vous interpellons depuis plusieurs jours, car mieux il sera prévu et organisé, mieux le confinement sera supporté – c'est de la psychologie élémentaire. Quelle méthode sera employée pour organiser ce déconfinement ? Quel calendrier proposez-vous et quel contrôle les parlementaires pourront-ils exercer ?
Dans l'immédiat, et dans l'esprit de la planification, êtes-vous prêt à nationaliser l'entreprise Luxfer, qui produisait les bouteilles les plus légères d'oxygène médical en Europe et dont les ouvriers sont prêts à reprendre le travail demain ? Êtes-vous prêt à nationaliser l'entreprise Famar, qui produit douze des médicaments dont nous avons le plus besoin, afin d'éviter la pénurie dont certains nous disent menacés ? Au-delà des usines de fabrication de masques, comptez-vous réquisitionner les industries textiles, afin que des chaînes de production encore présentes en France puissent sortir des centaines de milliers de masques supplémentaires ? La même question se pose pour l'industrie pharmaceutique.
J'achève avec une pensée pour les salariés qui se rendent encore à leur travail – 60 % de la population active. Ils étaient nombreux à attendre leur RER ce matin. De quels moyens de protection disposeront-ils ? Demandez-vous qu'ils puissent exercer un contrôle sur les conditions sanitaires et matérielles qui leur sont imposées ? On ne doit pas mettre sa vie en jeu lorsque l'on va au travail !
Monsieur le Premier ministre, il fut un temps où la planification, telle qu'elle avait été mise en place à la Libération, puis par le général de Gaulle, était une force. Le moment n'est-il pas venu d'installer cette cellule de crise de coordination qui permettrait au Parlement de contrôler et au Gouvernement de disposer ?