Il faut aussi prendre en compte les coûts qui en résulteraient pour rendre ces chaînes de calcul plus opérationnelles encore plus rapidement.
Un sujet purement technique et pas scientifique est la topographie. Entrer dans le modèle une topographie précise suppose de la connaître, ce qui prend un peu de temps. Il y a sans doute là des améliorations à apporter. Heureusement, si je puis dire, nous avions déjà simulé l'incident de Lubrizol en 2013 et nous avions donc en archives la topographie de Rouen, ce qui nous a sans doute fait gagner quelques heures pour la simulation du panache.
Ensuite, se pose la question des prélèvements et des analyses. Je pense pouvoir dire que la gestion de l'incendie de Lubrizol, même si elle a été – encore ce matin – critiquée sur plusieurs aspects, s'est distinguée de celle d'incendies similaires dans la mesure où, à ma connaissance, c'est la première fois, en France, que des prélèvements quasi immédiats ont été réalisés. Comme l'a rappelé notamment Atmo Normandie, les prélèvements ont été organisés dès les premières heures de l'incendie par les acteurs locaux, Atmo Normandie, le SDIS, le bureau d'études privé Veritas, en concertation avec nous quant aux lieux où effectuer ces prélèvements. Il s'agit de prélèvements d'air, comme l'a rappelé Atmo Normandie, mais aussi de prélèvements de surface pour avoir des premières analyses des dépôts. Les laboratoires de l'INERIS ont été mobilisés dès le jour de l'incendie pour analyser ces premiers prélèvements, avec l'objectif – c'est l'une des difficultés qu'a rappelées Atmo Normandie – d'avoir le spectre d'analyse le plus large possible, puisque nous ne connaissons pas à l'avance les polluants cherchés. Dans la mesure du possible, nous essayons de ne pas ignorer certaines substances.
Je rappelle que 15 échantillons d'air, notamment des canisters, ont été analysés et interprétés, dont 6 dans des délais inférieurs à 24 heures. 125 échantillons de prélèvements de surface sur 52 points de prélèvements, dans Rouen et au-delà, ont également été analysés, avec des premiers résultats moins de 36 heures après le début de l'incendie pour certains polluants, les métaux et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. S'agissant des dioxines, les résultats ont été obtenus en 5 jours, ce qui peut paraître long, mais compte tenu de la difficulté technique, c'est assez rapide.
Là encore, il est évident que la réalisation d'analyses plus rapides et plus fiables fait partie des pistes sur lesquelles nous travaillons. J'y reviendrai si vous avez des questions.
Pour conclure, les premières analyses que nous avons effectuées ont montré l'absence d'un marquage clair de l'environnement dû à l'incendie de Lubrizol, sauf à proximité immédiate du site, où nous avons notamment relevé, ainsi qu'Atmo Normandie, des teneurs en benzène très nettement supérieures à la normale. Si ce premier résultat reste valide jusqu'à présent, il est clair que les difficultés de communication de ces résultats d'analyses montrent qu'au-delà de la comparaison avec des prélèvements témoins en dehors du panache, il y a un besoin, rappelé par le BRGM, de points de référence partagés sur les concentrations de certains polluants. Ces concentrations sont ubiquitaires dans l'environnement, c'est l'une des difficultés, en particulier pour les dépôts surfaciques.
La question se pose également pour Notre-Dame. L'interprétation des résultats a été rendue difficile par un manque de données de référence pour ce type de mesure. C'est l'un des sujets sur lesquels nous réfléchissons pour améliorer les choses.
Pour conclure, je me suis limité volontairement à l'intervention de l'INERIS pendant la crise. Il y a des sujets qui restent, notamment pour Lubrizol, où une évaluation des risques précise et plus consolidée n'est pas terminée. Ce que j'ai indiqué n'est qu'un aspect partiel, limité aux quelques jours qui ont suivi l'incendie lié à l'accident.