Qui aurait pu ne serait-ce qu'imaginer ce que nous vivons en ce moment ? Qui aurait pu prédire l'impensable ? Je crois que si l'on nous avait raconté cela en début d'année, beaucoup auraient cru – et moi le premier, sans doute – à un scénario de fiction, le scénario d'une catastrophe invraisemblable, à défaut d'être tout à fait improbable. Et pourtant, ce que nous vivons n'est ni un mauvais rêve, ni une illusion d'optique. Notre économie est à l'arrêt, nos écoles sont fermées et les évidences du quotidien sont devenues autant d'incertitudes, autant d'angoisses pour chacun de nos concitoyens.
Dans cette épreuve historique, notre pays est resté debout. J'ai une pensée pleine de reconnaissance et d'admiration pour les soignants, qui se démènent chaque jour et donnent au mot « engagement » son sens le plus fort, le plus entier. Je n'oublie pas toutes celles et tous ceux qui ont permis à notre pays de ne pas sombrer dans le chaos et la panique collective : les salariés des commerces alimentaires, les éboueurs, les forces de police et de gendarmerie, les enseignants, les livreurs ou encore les travailleurs sociaux. Je ne saurais les citer tous mais, dans ces conditions particulièrement difficiles, tous ont fait face.
Vous ne m'en voudrez pas non plus d'avoir une pensée pour les enfants, qui, selon l'expression consacrée, « ne tiennent pas en place » et qui, pourtant, ont dû rester chez eux, loin de l'école et de leurs amis, dans un contexte qui a vu, parfois, les tensions familiales se multiplier. C'est à ces enfants que nous devrons penser demain, parce que cette crise sanitaire nous rappelle ce que nous sommes fondamentalement : des êtres fragiles, sur une planète qui souffre.
Dans le défi qui nous est lancé, la réponse doit être une réponse d'abord démocratique. Je salue la mobilisation des parlementaires, qui, dans des conditions souvent difficiles, sur ces bancs ou depuis chez eux, dans leur circonscription, ont poursuivi leur activité parce que même quand la vie du pays semble s'arrêter, la démocratie, elle, ne s'arrête jamais. Dans des délais très contraints, les parlementaires ont su, au Sénat d'abord, puis, hier, en commission, à l'Assemblée, examiner en profondeur et amender le projet de loi prorogeant l'état d'urgence sanitaire et complétant ses dispositions.
La responsabilité qui est la nôtre aujourd'hui est une responsabilité écrasante. Si décider n'a jamais été aussi difficile, commenter n'a jamais été aussi simple.