N'en déplaise à M. Vuilletet, en dépit de l'urgence, nous sommes contre l'état d'urgence. Nous refusons de prolonger une loi d'exception. Nous voulons des mesures d'urgence sociales et sanitaires, mais il ne nous paraît pas nécessaire de proroger l'état d'urgence. Alors que l'état d'urgence doit être une parenthèse, vous avez tendance à le prolonger, voire à le transformer en loi commune – je pense à la loi, dites SILT, renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. La parenthèse doit en rester une dès lors que l'état de droit et les libertés publiques sont atteints.
Ce dont nous avons besoin, c'est de masques gratuits, pas de fichiers qui mettent à mal le secret médical ! Un paquet de cent masques se vend entre 30 et 50 euros : à raison de trois ou quatre masques chirurgicaux par jour, norme pour tous ceux qui doivent prendre les transports en commun pour se rendre au travail, le budget de certains ménages sera gravement amputé. La responsabilité vous en incombe, car en la matière, vous avez laissé dicter votre conduite par la loi du marché plutôt que de réquisitionner des masques. Je préfère des masques gratuits à la prolongation des ordonnances que vous avez édictées ! Le Conseil d'État a expliqué que la proportionnalité des dérogations introduites par ces ordonnances devait faire l'objet d'un réexamen systématique et d'une appréciation au cas par cas ; ce n'est pas ce que vous faites en prorogeant l'état d'urgence, y compris dans ses ordonnances les plus scélérates.
Nous avons besoin de masques, de matériel et de tests, nous avons besoin que certaines mesures indispensables soient prises, et non d'une loi d'état d'urgence adoptée dans la hâte, alors même que les effets de la précédente ne prendront fin que le 23 mai !