La séparation des pouvoirs, les modalités naturelles d'organisation de la démocratie et de la République sont anesthésiées.
L'état d'urgence n'est pas non plus souhaitable. Il présente une différence historique avec ceux mis en oeuvre en 1955, 2015 ou 2017 : les Français n'ont plus confiance en l'exécutif. Cela non plus, nous pourrions ne pas vous le dire, et chacun se cacherait derrière son petit doigt ; mais, en réalité, c'est bien ce à quoi nous en sommes arrivés, à force d'errements et parfois de mensonges. Pour que l'état d'urgence sanitaire perdure et soit efficace, il vous faut susciter à nouveau un peu de confiance, ce qui ne sera possible que grâce au Parlement et au fonctionnement normal de nos institutions.
Il ne faut donc pas fixer à une date trop éloignée la sortie de l'état d'urgence : au contraire, la période doit correspondre au strict minimum requis. Voilà pourquoi, après vous avoir confié pendant deux mois des pouvoirs extraordinaires, nous souhaitons ne vous les renouveler que de mois en mois. Il n'y a rien de délirant à cela, et il ne s'agit pas d'une discussion d'épiciers, mais d'un débat républicain, démocratique, parlementaire et exigeant.