Ce débat recèle deux poisons : l'atténuation de la responsabilité et le soupçon.
Il n'y a pas d'engagement politique, de mission au service du public, sans responsabilité. Dans un engagement politique, la responsabilité est totale ou nulle. C'est soit l'un soit l'autre. Toute tentative de bricoler ou d'ajuster une responsabilité est une négation même de ce qu'est la politique.
Je le dis comme je le pense, ce débat est révélateur de ce qu'est progressivement devenue la politique : un squelette. Il y a quelques décennies, l'honneur de la politique était d'assumer ses responsabilités. Plus récemment, lors de l'affaire du sang contaminé, nous avons eu droit à la notion « responsable mais pas coupable ». La République et la justice avaient déjà porté un coup fatal à la notion de responsabilité politique. Maintenant, nous en serions à renforcer la déconnexion entre politique et responsabilité. Cette idée est purement folle et même absolument dangereuse.
Quant au second poison, le soupçon, vous ne pourrez pas vous en défaire. Ces amendements et tentatives de réécriture induisent le soupçon. Si tout cela ne mène à rien, alors ne changez rien !
Pour conclure, je voudrais m'adresser à M. le secrétaire d'État. Il n'y a pas de héros ici. Ni vous ni nous ne sommes des héros. Les héros, ce sont ceux qui assument leurs responsabilités sur le terrain sans jamais demander à être protégés.