Je suis atterrée et même surprise de pouvoir encore l'être quand j'entends les réponses de la majorité et du Gouvernement. Le ministre a en effet passé huit minutes à reprendre, en le développant, l'argumentaire présenté, il y a un ou deux mois, par la porte-parole du Gouvernement – porte-parole qui, d'ailleurs, depuis, la ramène moins. Vous dites en gros la même chose qu'elle : il faut faire de la pédagogie pour que les gens apprennent à mettre un masque. C'est l'expression d'un tel mépris ! Je trouve hallucinant que vous puissiez encore croire que ce genre de discours convaincra qui que ce soit.
Personne n'imagine, on l'a suffisamment répété, qu'en mettant un masque le virus va tout d'un coup s'arrêter de circuler, que les gestes barrières seront inutiles et qu'on ne prendra plus de précautions. En fait, votre argumentation justifie le port du masque.
En réalité – mais ça, vous ne le dites pas – , la raison pour laquelle vous ne voulez pas rendre les masques obligatoires, c'est qu'il n'y en a pas assez, c'est que vous n'avez pas pris les mesures qui auraient permis qu'on développe, qu'on décuple nos capacités de production pour répondre à une nécessité : que tout le monde ait un masque.
Si nous voulons imposer le port du masque à tous les citoyens et à toutes les citoyennes, il faut leur donner la possibilité d'en avoir, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Le budget des familles précaires, mais aussi celui des familles des classes moyennes, ne leur permet pas de disposer d'un nombre suffisant de masques, parce qu'ils coûtent cher.