Je vais m'efforcer de résumer ma pensée.
Comparaison n'est pas raison, mais, dans mon territoire, la Seine-Maritime, nous avons subi, entre 2003 et 2013, une pandémie de méningite de souche B: 14. J'étais alors un jeune élu et je vous assure que j'ai passé des nuits difficiles. Les nombres d'enfants contaminés et décédés étaient effrayants. Il a fallu tester massivement la population : 3 500 enfants l'ont été, les miens compris, et l'ensemble des habitants d'une tranche d'âge ont été vaccinés.
Si j'évoque cette expérience, ce n'est pas pour vous raconter ma vie, mais pour vous dire qu'à l'époque, à l'échelle d'un département, avec des moyens de droit commun peu exorbitants, la mobilisation des services sanitaires et de l'ensemble des acteurs a permis d'éradiquer une pandémie faisait trembler le département et même la France – des représentants de la DGS, la direction générale de la santé, étaient à Dieppe presque toutes les semaines.
Le groupe communiste, vous l'avez vu, n'a pas déposé d'amendement de suppression de l'article 6 parce que nous ne voulons pas apparaître comme des empêcheurs de tourner en rond sur le sujet de la lutte sanitaire. Reste que certaines lignes rouges ne doivent pas, selon nous, être franchies, sur des sujets comme le consentement des personnes non malades inscrites dans le fichier, l'existence même d'un fichier national, la composition des brigades par des personnes habilitées au secret médical ou le délai de conservation du fichier – sur lequel la CNIL elle-même s'est prononcée.
Enfin, si, bien évidemment, nous ne vous faisons pas de procès d'intention sur votre volonté de lutter efficacement contre la crise sanitaire, qui nous a pris de court, tous autant que nous sommes, et qui exige de nous une solidarité nationale, nous sommes en profond désaccord avec la manière dont vous avez géré cette crise et peut-être même sur les raisons originelles qui ont conduit à la situation actuelle.