La crise que nous traversons depuis la découverte de ce nouveau coronavirus s'est imposée à nous avec une rapidité et une ampleur que nul n'aurait pu prévoir. Pourtant, le caractère exceptionnel de cette pandémie ne doit pas faire oublier que des signes avant-coureurs auraient dû nous alerter depuis plusieurs années déjà.
Les épisodes épidémiques du SRAS – syndrome respiratoire aigu sévère – en 2003 en Chine, et du MERS – Middle East respiratory syndrome – en 2012 au Moyen-Orient, ont démontré le danger émergent que représentait le coronavirus. Une fois ces épisodes épidémiques endigués, nous n'avons malheureusement pas poursuivi nos efforts de recherche, nous privant ainsi de connaissances qui nous seraient très utiles aujourd'hui.
De manière générale, la recherche sur les maladies infectieuses a été mise de côté ces dernières années ; les industriels, qui pensaient qu'elles n'étaient plus à l'ordre du jour, ne l'ont pas investie. En réalité, les virus émergents sont nombreux – Ebola, zika et chikungunya. En France, nous connaissons également la dengue, qui sévit notamment dans les territoires ultramarins.
Alors même que l'épidémie de covid-19 est loin d'être terminée, il est urgent de prendre conscience qu'elle ne sera certainement pas la dernière. Nous devons anticiper dès aujourd'hui l'émergence de nouveaux virus et de nouvelles maladies.
Madame la secrétaire d'État, que pensez-vous de la création d'une agence de recherche sur les maladies infectieuses ? Certains imaginent notamment transformer l'actuelle Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales – ANRS – en élargissant son champ d'action. Cette agence devrait nécessairement s'accompagner de financements récurrents et significatifs, qui permettent de mener des études approfondies et compatibles avec le temps long. Elle devrait aussi reposer sur des liens constants entre les acteurs de la recherche fondamentale et ceux du terrain, en premier lieu les CHU – centres hospitaliers universitaires.