Des questions ont été posées sur les masques, sur les tests, sur l'hôpital ; j'aimerais aborder la question de la prévention. La République s'est ancrée durablement en France grâce à la troisième République, et à un État très fort qui, par une instruction publique de qualité, a aussi offert à tous une meilleure hygiène et une meilleure santé.
Le courant hygiéniste a compté de grands noms : Lavoisier, le préfet Poubelle ou encore Pasteur. À cette époque, la santé allait de pair avec l'innovation et l'ambition. Des rituels quotidiens se sont imposés, et une société entière a découvert ces gestes que sont le lavage des mains et le brossage des dents.
L'école est le creuset de cette République. Comment faire revivre le courant hygiéniste ? Comment faire en sorte que les gestes, que nous avons dû réapprendre dans l'urgence, redeviennent des habitudes et le restent ?
Notre pays était jusqu'à présent mauvais élève : il se classait ainsi au cinquantième rang, ce qui est pour le moins inquiétant, des pays où l'on se lave le plus les mains.
Je souhaite saluer le travail de nos collègues Cyrille Isaac-Sibille et Ericka Bareigts dans le cadre de la mission relative à la prévention santé en faveur de la jeunesse. Ceux-ci ont dressé un triste constat : le manque de 400 médecins scolaires – nous en comptons seulement 976 pour plus de 12 millions d'élèves.
La médecine du travail souffre d'une pénurie similaire : le nombre de médecins n'atteint pas 5 000 pour 18 millions de salariés dans le secteur privé. Et je ne fais pas état du sort très difficile des infirmiers scolaires.
La prévention est aujourd'hui la cinquième roue du carrosse de notre système de santé. Que comptez-vous faire pour remédier au manque de moyens et d'ambition de la politique de prévention en France ?