La crise sanitaire a engendré une crise sociale dévastatrice. Comme toujours, les inégalités s'en trouvent aggravées. Certains s'en sortent sans trop de fracas, d'autres payent le prix fort. Des départements comme la Seine-Saint-Denis ont ainsi versé un lourd tribut. Au taux de surmortalité le plus élevé de France s'ajoutent désormais de graves difficultés économiques : le chômage, les dettes de loyers et, pour beaucoup de familles – sans doute est-ce le plus incroyable et le plus insupportable dans la cinquième puissance mondiale qu'est la France – , la faim.
Les mesures prises par le Gouvernement sont loin de suffire. L'aide exceptionnelle versée aux familles, salutaire, vient seulement d'arriver. Elle ne comblera pas les pertes accumulées depuis deux mois, qui vont encore augmenter.
Pour affronter ces difficultés et pallier les manquements de l'État, la solidarité prend une nouvelle fois le relais. Je le constate à Montreuil, à Bagnolet et dans d'autres villes du département : les associations jouent un rôle crucial dans l'élaboration de ce dernier rempart, aidées par les habitants et des collectifs citoyens, conscients de l'urgence. Or, elles aussi sont frappées de plein fouet par la crise : leurs recettes baissent, alors que les moyens qu'elles doivent déployer explosent. Pour la première fois, certains organismes historiques – je pense à Emmaüs – ont été contraints d'appeler aux dons. Les fonds de réserve des plus petites structures, qui constituent le maillage local nécessaire, au plus près du terrain, sont encore plus minces.
Le 23 avril, vous avez annoncé 25 millions d'euros pour les associations oeuvrant dans le domaine de l'aide alimentaire. Franchement, c'est peu. Dès avant la crise, plus de 5 millions de personnes recevaient une aide régulière ou ponctuelle des banques alimentaires : cela revient donc à une aide de 5 euros par personne. Nous devons donc débloquer de nouveaux moyens, ambitieux, y compris en faveur d'associations appartenant à d'autres domaines que la solidarité, notamment celles qui travaillent en faveur du développement social et culturel, du soutien scolaire, des aides aux loisirs.
Je vous demande de bien vouloir instaurer un grand plan de soutien aux associations qui oeuvrent dans les territoires les plus touchés, comme la Seine-Saint-Denis. Il doit être ambitieux et à la hauteur des enjeux. Si la République n'est pas sociale, elle n'est plus la République.