La charité privée, certes louable, ne saurait pourtant se substituer au mécanisme de solidarité nationale que suppose une « République sociale », pour reprendre les termes de notre Constitution.
De fait, en interrogeant maints acteurs du secteur, on s'aperçoit que c'est de l'aide active des pouvoirs publics qu'ils ont cruellement besoin, notamment à l'heure de la crise du covid-19, alors que l'élan spontané d'entraide a été particulièrement indispensable. Dans ma seule circonscription, j'ai rencontré des couturières bénévoles fabriquant des masques quand la parole gouvernementale sur le sujet était encore flottante ; des associations collectant des masques de plongée pour pallier la pénurie signalée par des hôpitaux parisiens de renom ; des collectifs de jeunes, si souvent décriés, distribuant grâce à leur voiture personnelle jusqu'à 100 repas par jour, préparés dans des cuisines particulières.
Malgré les trésors d'ingéniosité mis en oeuvre, c'est d'un soutien massif de l'État dont ces associations ont actuellement besoin. Pour être plus précis, prenons l'exemple du Secours populaire du département de la Seine-Saint-Denis. Alors que les versements du fonds d'aide européen aux plus démunis, qui finance les associations nationales les plus importantes, démarrent et sont renouvelés en octobre, le stock de denrées de cette antenne du Secours populaire sera épuisé à la mi-juin.
Selon la parole présidentielle, « l'État paiera ». Versera-t-il une avance sur ce fonds ? À défaut, assurera-t-il une compensation équivalente à 274 tonnes de produits alimentaires au département de la Seine-Saint-Denis ?
Plus globalement, quelles mesures seront prises à long terme pour répondre à la crise alimentaire ?