Je voudrais commencer par confirmer que vos propos sont parfaitement conformes à ce que nous vivons tous, depuis le premier jour du confinement, dans les fameux quartiers prioritaires de la politique de la ville. Vos propos reflètent également un constat que je voudrais affirmer avec force : contrairement au discours défaitiste que l'on entend trop souvent, la République n'a jamais abandonné ces quartiers. La République, c'est d'abord les associations, c'est-à-dire l'ensemble des personnes républicaines qui, au jour le jour, travaillent au bienfait de leurs concitoyens. C'est également les professeurs, les services publics, les collectivités locales et l'ensemble de leurs employés. Enfin, la République, c'est l'État. Cela ne signifie pas que les choses sont simples et qu'il n'y a pas de nombreuses difficultés à résoudre, mais bien que la République est là, qu'elle n'abandonne pas ses quartiers. Je ne laisserai jamais, absolument jamais, dire le contraire.
Le rôle de l'État doit être de soutenir les acteurs de terrain, c'est-à-dire les collectivités locales – mais ce n'est pas l'objet de votre question – et les associations. Il se trouve que le ministère dont je suis chargé est celui qui finance le plus grand nombre d'associations : chaque année, nous y consacrons un budget de 200 millions d'euros, et la majorité présidentielle a voté une augmentation du budget consacré à l'aide aux associations dans les quartiers prioritaires de la ville. Nous finançons donc chaque année des milliers d'associations, mais nous avons constaté une grande difficulté : contrairement aux collectivités locales, qui savent le faire, l'État n'est pas habitué à financer et soutenir des associations de très grande proximité.
C'est pour cela que, à l'aune de la crise, nous avons créé un fonds de soutien aux associations de très grande proximité, doté de 5 millions d'euros. Parfois, cette aide a pris la forme d'un chèque permettant de faire le plein d'essence d'une camionnette, afin que ceux qui représentent l'idéal républicain puissent aller faire des gestes solidaires. Nous avons appris de la crise que la solidarité ne devait pas être victime du covid-19 : j'ai donc annoncé que nous allions non seulement pérenniser le fonds, mais aussi doubler son montant, car l'État doit être aux côtés de celles et ceux qui incarnent cet esprit de solidarité bien français.