Je connais trop votre honnêteté, monsieur le député Bricout, pour penser que l'erreur que vous faites est due à autre chose qu'à un défaut de communication : il n'a jamais, au grand jamais, été question de fermer au 31 mai les 14 000 places ouvertes pendant la période hivernale. Bien au contraire, j'ai annoncé dès le premier jour que la fin de la trêve hivernale serait repoussée. Il est vrai que ce report a deux conséquences – d'où peut-être un manque de clarté – : non seulement il interdit tout usage de la force publique pour procéder à une expulsion locative, mais il proroge aussi les dispositifs de mise à l'abri prévus pour la période hivernale. Autrement dit, chaque prorogation de la trêve hivernale permet de maintenir ouvert le dispositif d'accueil des SDF que nous avons créé pour la période hivernale. Les 14 000 places que vous évoquez resteront donc ouvertes après le 31 mai. Cette majorité a d'ailleurs voté la prorogation de la trêve hivernale jusqu'au 10 juillet.
Je ne peux pas non plus vous laisser dire que rien n'avait été fait pour les SDF avant le confinement. Nous sommes extrêmement nombreux à lutter tous les jours contre ce fléau du sans-abrisme et les drames humains qui en résultent. Avant même le début du confinement, c'étaient 160 000 personnes que nous mettions à l'abri tous les jours. Le chiffre est si important qu'on a peine à le croire. Pourtant, c'est la réalité de la précarité et la mesure de ce qu'on doit à ces publics les plus fragiles.
Pendant le confinement, nous avons ouvert 20 000 places supplémentaires, dont 12 000 via la réquisition de chambres d'hôtel. Nous avons ouvert 90 centres pour accueillir les SDF atteints du covid-19, qui, s'ils n'avaient pas besoin d'être hospitalisés, ne pouvaient pas non plus rester dans les centres. Vous voyez que nous avons beaucoup oeuvré, conscients de la nécessité de porter une attention particulière à ces publics ô combien fragiles.