Avec cette révolution et ses ruptures indispensables, il s'agit de rompre avec la logique du profit à tout prix qui a affaibli et même amputé la capacité de réponse sanitaire des États face à la crise. Après l'épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère, le SRAS, en 2003, deux vaccins étaient en cours de développement dans des laboratoires américains. Sans financements et but commercial suffisamment importants, les recherches avaient été arrêtées alors que ces vaccins auraient pu être aujourd'hui d'une grande valeur.
Dans le monde, des millions de personnes pourraient basculer dans la faim. Dans notre pays, les files se sont allongées devant le Secours populaire et les banques alimentaires ; des étudiants sont en « mode survie » ; des parents préfèrent sauter le repas du midi pour le laisser à leurs enfants qui n'ont plus accès à la cantine. Pourtant, les denrées existent sur notre planète. Même si aucune pénurie n'est en vue, la loi du marché menace de jeter des centaines de millions d'êtres humains dans la détresse.
Cette logique kafkaïenne s'est retrouvée dans la gestion de l'épidémie en France. Depuis le début de la crise, professionnels de la santé publique et citoyens demandent des masques gratuits pour toute la population. Refus. Depuis de nombreuses années, les personnels soignants exigent une injection financière significative dans l'hôpital public. Refus.
Ce système est guidé par le profit maximum. Ceux qui le soutiennent, comme ceux qui l'alimentent, ont des responsabilités en ce qui concerne tant les causes de ce virus que notre capacité à y faire face.
Compte tenu du temps qui m'est imparti, j'en viens aux propositions sans m'étendre davantage sur la gestion de la crise.
L'écologie risque de perdre du terrain à l'occasion de la relance : la Chine a annoncé un plan qui repose largement sur l'exploitation du charbon ; Donald Trump démantèle les normes antipollution des véhicules ; en France, des millions d'euros sont versés à de grandes entreprises qui se fichent éperdument de l'humain et du non-humain. On s'en tient à des slogans : « Transition écologique au coeur de l'après », « Green Deal » et autres.
Or les solutions existent. Elles appellent des changements très profonds et urgents. Nombre de citoyens aspirent pourtant à ces ruptures qu'il faut mettre au coeur des choix.