La crise que nous traversons nous impose de répondre selon des rythmes différenciés. Il y a tout d'abord eu l'impératif de l'urgence. Face à une crise sanitaire et économique d'une ampleur inégalée, nous avons en effet dû réagir vite pour faire en sorte qu'elle ne soit pas suivie d'une crise sociale majeure. Nous avons donc défini un plan immédiat de 110 milliards d'euros et nous élaborons actuellement des plans sectoriels avec les différents secteurs concernés. À cet égard, pour répondre aux interrogations exprimées sur certains bancs, il est évident que ces plans auront des contreparties sociales et écologiques. J'ajoute que ces contreparties montrent que nous ne sommes pas dans le déni du monde dans lequel nous vivons.
À côté de l'urgence, il y a aussi le temps stratégique, celui de la réponse de long terme, qui nous impose de tirer les conséquences de la crise du covid-19 et des bouleversements qu'elle entraîne pour le jour d'après, selon l'expression consacrée, et peut-être surtout pour les décennies d'après.
La crise du covid-19 a montré la nécessité d'une nouvelle révolution industrielle et technologique. L'épidémie a changé nos manières de consommer, de travailler et même de vivre. En quelques jours, nous avons dû compter sur nos seules infrastructures numériques pour faire fonctionner l'essentiel du pays. Et nous y sommes arrivés, ce dont nous devrons tirer les enseignements pour la suite. Si nous y sommes arrivés, c'est parce que nous avons consenti des investissements importants dans les infrastructures numériques. Ce test grandeur nature a néanmoins mis en évidence de nombreuses inégalités dans l'accès à ces infrastructures.
La crise a aussi démontré l'utilité de nouvelles technologies telles que les imprimantes 3D, qui ont joué un rôle important pour la fabrication de masques, de visières ou d'autres matériels médicaux, ou l'intelligence artificielle, qui a permis de mieux modéliser l'évolution de l'épidémie et d'anticiper les besoins sanitaires. Néanmoins, les deux derniers mois ont révélé les faiblesses structurelles de notre industrie et notre dépendance concernant des procédés innovants ou des produits banals, sans grande valeur ajoutée, qui nous ont cruellement manqué le temps de nous organiser.
La question de notre capacité à prendre notre destin en main doit, dès lors, être posée. Nous devons agir de manière commune avec nos partenaires européens. La France doit rester une puissance économique qui produit et qui innove. Il ne s'agit pas seulement d'assurer la prospérité économique du pays, mais de garantir sa souveraineté technologique et industrielle. La conclusion est dès lors claire : il est indispensable que la France soit à l'avant-garde de la quatrième révolution industrielle.
Avant même la crise, le Gouvernement avait d'ailleurs saisi ces problèmes à bras-le-corps. Puisque la question a été évoquée, je rappelle que, depuis trois ans, nous avons créé des emplois industriels, ce qui n'était pas arrivé entre 2000 et 2016. Il y a eu plus de sites ouverts que de sites fermés. Ce n'est pas nous qui le disons, mais les statistiques établies par des tiers, des experts…