Comme l'ont rappelé plusieurs de nos collègues, l'un des débats fondamentaux touchant l'évolution d'ampleur dont nous parlons concerne la sécurité des réseaux et de nos données, qui seront massivement mis à contribution.
Alors que la question de l'exploitation de nos données personnelles n'est plus à poser, serons-nous capables, dans le contexte de cette révolution industrielle, de prendre conscience de l'importance de ces ressources et de les protéger d'une exploitation sans réserve ? Leur caractère privé étant déjà nettement entamé, il est indispensable de disposer des moyens techniques, législatifs et éducatifs de cette prise de conscience nécessaire.
De plus, le caractère central des données nous obligera à nous doter d'immenses capacités de protection dans un monde évoluant très rapidement et où la dépendance aux outils numériques pourrait se révéler une véritable menace. Se pose également la question de notre souveraineté : face à des entreprises possédant des quantités astronomiques de données sur chacun d'entre nous, l'imposition de cette nouvelle organisation, fondée encore davantage sur le même matériau, devrait nous inciter à nous interroger sur le pouvoir que nous leur offrons.
Nous connaissons la capacité de ces acteurs privés à attirer les cerveaux. Trop souvent, nos législations ne font que réagir à des pratiques déjà courantes ; trop souvent, les limitations que nous tâchons de leur apporter sont anticipées et prêtes à être contournées. Depuis plusieurs années, nous constatons le pouvoir de ces entreprises qui peuvent rivaliser avec la puissance des États, voire la dépasser, dans certains domaines.
Le fait que presque toutes ne soient pas européennes pose lui aussi un véritable problème de souveraineté. Nous l'avions évoqué lors du débat sur le déploiement de la 5G : les liens entre certains États et les pays dans lesquelles ces entreprises ont vu le jour nous exposent à des risques. Nous avons déjà pu le constater : en cas de crise, l'indépendance des grandes compagnies vis-à-vis des pouvoirs est toute relative.
Même en y consacrant des ressources financières massives, comment notre pays pourra-t-il assurer sa souveraineté alors qu'il sera encore plus connecté et dépendant des technologies privées ?