J'espère que je ne vous apprendrai rien, monsieur le secrétaire d'État, en rappelant que les pharmacies d'hôpitaux s'approvisionnent actuellement en médicaments critiques par le biais de deux circuits. Il y a le circuit classique des fournisseurs habituels pour la majorité des médicaments, lequel connaît des tensions d'approvisionnement. Et il y a un circuit spécifique pour cinq molécules : trois curares et deux médicaments utilisés pour la sédation. En effet, pour ces cinq molécules, l'État a dû réquisitionner les stocks auprès des laboratoires fournisseurs et livre les pharmacies des établissements de santé – les ETS – sur la base de leur consommation et de l'occupation des lits de réanimation.
La situation est particulièrement critique s'agissant du propofol, médicament majeur en anesthésie et en réanimation. Les stocks des pharmacies hospitalières sont très faibles et l'approvisionnement par l'État est très limité, avec seulement quelques flacons d'un dosage qui, de surcroît, n'est pas utilisé habituellement. Les praticiens n'ont aucune visibilité sur les livraisons de ce produit essentiel.
Le ministre des solidarités et de la santé a demandé aux pharmacies hospitalières d'étudier la possibilité de fabriquer des médicaments majeurs injectables pour lesquels l'État dispose de matières premières. L'étude de la faisabilité est en cours, mais, pour certains médicaments complexes, comme le propofol, ce ne sera pas possible.
Ces tensions ont des incidences majeures sur le fonctionnement des pharmacies des ETS : une complexité dans la gestion des approvisionnements et des stocks, avec des remontées plus fréquentes de l'état des stocks sur la plateforme MaPUI des pharmacies à usage intérieur ; une relance continue des commandes auprès des fournisseurs ; un risque iatrogène important à anticiper par les pharmacies hospitalières ; des tris ; des réétiquetages ; une information à fournir aux services pour éviter les risques d'erreur ; et un travail important à fournir pour la reprise de l'activité chirurgicale. À cet égard, compte tenu de l'état des stocks et de l'absence de visibilité sur l'approvisionnement, la reprise de l'activité chirurgicale se fait au compte-gouttes, en essayant d'économiser au mieux les médicaments.
Malgré toutes ces contraintes, les pharmacies des ETS ont su faire face et nous leur devons beaucoup. Mais une question essentielle mérite une réponse claire et précise : quelle est la visibilité, monsieur le secrétaire d'État, sur l'approvisionnement en propofol ?