Madame Autain, vous soulevez la question de la relocalisation de la production et, de même que M. Dharréville, celle de la création de ce que vous appelez un « pôle public du médicament ».
Rappelons quelques éléments. Avant même la crise sanitaire que nous vivons, une réflexion avait été engagée au niveau national comme au niveau européen sur l'augmentation constatée des ruptures de stock et des pénuries, qui font l'objet de notre débat. Ce n'est donc pas la crise sanitaire qui a déclenché le travail à ce sujet. En dépit d'un contexte de croissance solide de la demande mondiale et européenne de médicaments, liée aux raisons que j'ai évoquées précédemment, notamment le développement de certaines pathologies chroniques, il semble qu'un défaut d'investissement dans les capacités de production de médicaments matures puisse être à l'origine d'une partie des pénuries de médicaments que nous vivons depuis plusieurs années.
Au surplus, la crise sanitaire met en lumière deux autres facteurs industriels contribuant directement aux pénuries de produits de santé, évoqués dans le rapport remis par le Sénat en octobre 2018 que plusieurs d'entre vous ont cité : une flexibilité de l'outil industriel réduite face aux fluctuations de la demande et des difficultés d'accès à certains principes actifs liées à la concentration des fournisseurs de matières premières.