Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, entre 2017 et 2020, nous dit-on, 600 millions de masques destinés au grand public ou aux soignants ont été détruits. Vous avez affirmé que c'était du fait de leur péremption – alors qu'en réalité ce sont plus souvent les élastiques qui se périment – et de l'apparition de moisissures. Bref, le stock constitué au cours des années précédentes a été détruit. Résultat : lorsque nous avons eu besoin de ces masques, il n'y en avait plus, ce qui a conduit le Gouvernement à expliquer successivement qu'ils n'étaient pas nécessaires, puis pas forcément indispensables, puis pas si faciles à utiliser – on voit désormais ce qu'il en est dans les rues de France…
Pourtant, en 2019, l'Académie nationale de médecine d'un côté, le Haut Conseil de la santé publique de l'autre, indiquaient que les masques constituaient en cas d'épidémie grave le « paiement d'une assurance », pouvant donner le sentiment d'une dépense pour rien mais constituant autant de protections individuelles.
Au fond, la question est simple : pourquoi, lorsque ces masques ont été détruits, les stocks n'ont-ils pas été reconstitués ? On pourra invoquer les moisissures et la péremption ; en fin de compte, la question n'est pas de savoir pourquoi les stocks ont été détruits, mais pourquoi nous n'avions pas de masques quand la crise est survenue.
Vous n'aviez pas encore pris vos fonctions mais j'imagine que vous avez depuis lors conduit une enquête dans votre administration afin de déterminer pourquoi les stocks n'ont pas été reconstitués, qui en a décidé et pourquoi les Français se sont trouvés dépourvus de masques. En clair, pourquoi l'État n'a pas pris d'assurance alors qu'il lui appartenait de le faire, qu'il en avait même le devoir en vertu de la loi ? Quel est l'état des enquêtes que vous avez conduites pour établir les responsabilités dans le dénuement des Français face à la catastrophe humaine, sanitaire et économique que nous sommes contraints de subir à cause de cette défaillance ?