Monsieur le ministre, l'épidémie de covid-19 a mis en lumière des dysfonctionnements et des errements dans la gestion des stocks de masques depuis une dizaine d'années. Les changements successifs de doctrine, la délocalisation de nos capacités de production et le manque de coordination européenne dans ce domaine ont indéniablement amoindri notre capacité de réaction face à la crise.
Partant de cet état de fait et pour répondre au mieux à la situation, plusieurs décisions ont été prises : une réquisition pour sécuriser le stock national ; une importante commande passée à la Chine ; une relocalisation de la production. Grâce à la mobilisation des usines historiques situées sur notre territoire et à l'installation de nouvelles lignes de production – soutenue par la secrétaire d'État Pannier-Runacher, que je salue – , nous sommes parvenus à une capacité de production de 20 millions de masques par semaine. Ces décisions, dictées par l'urgence de la situation, ont permis de répondre aux besoins des professionnels puis à ceux de la population.
Il sera cependant nécessaire, une fois la situation d'urgence dépassée, de repenser notre stratégie d'approvisionnement mais aussi le fonctionnement de nos administrations en temps de crise. Une administration pointilleuse et protectrice est indispensable en temps normal mais doit gagner en souplesse et réactivité en temps de crise.
Cette épidémie met également en relief l'intérêt et la nécessité d'une gestion européenne des crises sanitaires. Face à un phénomène d'ampleur mondiale et aux aléas liés à la production, au fret aérien et aux pics de la demande, nous devons apporter une réponse européenne.
Je souhaiterais donc vous interroger, monsieur le ministre, sur l'adaptation de la doctrine de gestion des stocks de masques – de même que celle des stocks de tests et de vaccins – , nécessaire pour tenir compte des nouveaux paramètres : port généralisé, capacité de production nationale, coordination européenne, souveraineté. Comment concilier la légitime exigence de souveraineté sanitaire pour notre pays avec l'indispensable renforcement de la solidarité européenne dans la gestion des crises ?