Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Questions sur les décisions relatives à la gestion des stocks de masques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

La crise sanitaire est traversée par un long fil rouge, devenu, au gré des contradictions, un véritable scandale : la pénurie de masques et sa gestion par le Gouvernement.

Monsieur le ministre, vous affirmiez le 24 février : « La France dispose de stocks massifs de masques chirurgicaux si nous avions besoin d'en distribuer. » Le directeur général de la santé déclarait deux jours plus tard : « Il n'y a pas de sujet de pénurie. » Mais, le 21 mars, vous preniez le contre-pied de la position adoptée jusqu'alors en affirmant que c'est parce que vous aviez, dès le début, considéré que la disponibilité en masques allait être une difficulté qu'il avait été décidé de recourir à l'importation. Voilà qui était déjà plus conforme au vécu des professionnels de santé placés en première ligne face à l'épidémie.

Il s'avère que nos stocks ne comptaient que 117 millions de masques chirurgicaux encore valables. Le Gouvernement était au fait de cette situation depuis près de deux ans : dès 2018, Santé publique France a prévenu le directeur général de la santé que le nombre de masques stockés serait insuffisant en cas de scénario de pandémie, avant de renouveler l'alerte le 20 mai 2019. Pourquoi ne pas avoir agi alors ? C'est le directeur général de Santé publique France en poste jusqu'en 2019 qui en parle le mieux : il affirme qu'il a été décidé de ne pas reconstituer le stock d'1 milliard de masques. Il a fallu attendre le 28 mars 2020 pour qu'une commande à la Chine du même nombre de masques soit annoncée.

Vous pouvez toujours nier la pertinence du mot « pénurie » ; les Français, invités à se confectionner des masques artisanaux en tissu, ne sont pas dupes : à vos carabistouilles, ils ont répondu par la débrouille. Comme par hasard, à mesure que les stocks étaient reconstitués, vos recommandations relatives au port du masque évoluaient.

Il ne s'agit pas de chercher des boucs émissaires ; …

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