Madame la secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, la crise sanitaire sans précédent que nous traversons a brutalement mis en lumière les forces de notre système de santé, mais aussi et surtout ses faiblesses, à tel point que nous avons craint qu'il ne finisse par céder sous le poids des conséquences d'une politique de réduction des moyens alloués à la santé, qui pèse sur lui depuis plusieurs décennies. En tant que médecin j'ai pu constater ses failles, à la suite de l'apparition, en Corse, du cluster d'Ajaccio : manque de gel, de masques, d'écouvillons, de lits de réanimation et de personnel. Les capacités de réaction et d'innovation dans nos territoires ont cependant permis de répondre efficacement à l'échelle locale pour endiguer un virus qui n'était pas jacobin. Le pire a certes été évité grâce aux personnels soignants qui, malgré une extrême tension psychologique et physique, ont lutté avec courage et ténacité en première ligne, et que nous remercions à nouveau ici, mais ce ne sont pas des remerciements qu'ils nous demandent : ce sont des changements.
Le Ségur de la santé, qui n'est pas le premier plan que vous annoncez dans cet hémicycle pour sauver un secteur qui demeure en profonde souffrance, doit être la hauteur de l'événement. Vu les circonstances exceptionnelles, vous devez changer de logiciel et vous affranchir de votre méthode habituelle, faite de faux-semblants de concertation, de multiples effets d'annonce et de peu de concrétisation.
Sur la forme, les professionnels de santé ne se contenteront pas de nouveaux effets d'annonce, auxquels ils ne croient plus. Au contraire, ils réclament des mesures fortes et concrètes : une revalorisation du salaire des soignants et la fin de la logique désastreuse de fermeture des lits et des hôpitaux de proximité.
Derrière ce manque de moyens se cache également un dysfonctionnement majeur dans l'organisation des soins, car la crise du covid-19 est aussi celle de la technostructure sanitaire de son hospitalocentrisme. Le Ségur de la santé doit permettre de repenser le mode de gouvernance, avec une nouvelle organisation du système de santé, à l'écoute de nos territoires. Saurez-vous répondre à cette attente et vous montrer à la hauteur de ce défi ?