Ce n'est pas grave : on va faire comme si!
Le 9 mars dernier, Bruno Le Maire s'est déclaré prêt à recourir à tous les moyens, y compris la nationalisation, pour protéger les entreprises françaises menacées par la crise du coronavirus. Je ne l'ai pas cru : j'ai bien fait. Hier, en effet, à la question : « Est-ce que vous allez exiger de Renault qu'il garde ouverts tous ses sites industriels en France ? », il a répondu non. À la question : « Est-ce que vous pouvez nous dire qu'il n'y aura pas de suppressions de postes ? », il a encore répondu non. Ce gouvernement se renie sans complexes, sans honte !
Vous avez parlé de contreparties aux aides de l'État au secteur automobile, mais vous avez déjà signé un chèque en blanc de 20 milliards d'euros aux entreprises ! Vous annoncez donner 5 milliards d'euros à Renault sans forcer le groupe à produire en France !
Le covid-19 a bon dos : Renault n'a pas attendu l'épidémie pour délocaliser ses activités ; voilà des années qu'il le fait au nom de sa stratégie financière. La part de véhicules qu'il produit en France est passée de 54 % en 2004 à 30 % en 2012, avant de tomber à 17 % en 2017. Derrière ces chiffres, c'est la mort sociale de milliers de salariés. Dans le même temps, vous avez distribué à Renault des centaines de millions d'euros rien qu'en crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi. Regardez le résultat, naïfs que vous êtes !
Et vous allez continuer à donner à ces gens l'argent des Français, sans contrepartie ? Vous parlez de créer des voitures plus écologiques ; mais favoriser les délocalisations, abandonner l'idée de relocalisation, est-ce polluer moins ? Non, évidemment ! Avez-vous changé de logiciel depuis l'épidémie ? Non ! Je vous le demande, puisque vous abandonnez nos usines : à quoi servez-vous ?